Talaiou el Houriat a rejeté la proposition de Makri à propos de l'institution militaire et son implication dans l'initiative de gérer une transition. L'événement politique le plus dominant durant la semaine écoulée est sans conteste la sortie abracadabrante du président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderezzak Makri en se prenant pour le «Méphistophélès» de la pensée politique nationale en recourant à une trouvaille des plus burlesques, à savoir solliciter l'institution militaire à prendre les commandes de l'Etat pour une période de transition politique et économique qui s'inscrirait dans un temps où le consensus avec les partis politiques et les «forces vives de la nation» ainsi que le mouvement associatif sera partie prenante dans cette transition démocratique. Cette sortie qui ressemble à une espèce de saut dans l'impensable et le politique «non correct» de la part d'un parti de surcroît islamiste qui a fait de l'entrisme son dada et le «participationnisme» son credo durant des décennies. Les réactions n'ont pas tardé à s'exprimer de part et d'autre. Même certains partis de l'opposition avaient exprimé certaines nuances quant à cet appel le moins que l'on puisse dire, inattendu de la part d'un mouvement connu pour ses positions à «géométrie variable» et que le long de son existence politique n'a fait que consacrer l'approche politique qui sied à celle de «l'autruche». La démarche de Makri a suscité un tollé de la part de certains partis et observateurs politiques qui voient dans cette nouvelle position du MSP et son chef une «dérive» politique très grave. Une position qui remet en cause tout le processus démocratique et électoral qui a contribué au parachèvement de l'édifice institutionnel de l'Etat. La réaction la plus claire est venue de la part d'un ministre de la République, Tayeb Louh en l'occurrence, qui a rappelé que ceux qui jouent sur la corde de la transition politique et économique, oublient que «l'Algérie ne veut pas revenir à la situation dramatique quelle avait vécue dans le passé». Le ministre de la Justice, Tayeb Louh, ne semble pas avoir réagi de son propre chef, mais bien au nom d'une institution qui voulait sommer les partisans de cette transition dans un contexte inapproprié, puisque le processus démocratique est en cours et la dynamique de sa consolidation et de son renforcement se fait concrétiser via les élections à tous les niveaux. Ces élections auxquelles le mouvement de Makri avait participé. Le choix démocratique est irréversible, c'est ce qui ressort de la dernière réaction affichée par Louh et autres partis politiques qui rejettent d'emblée la proposition de faire impliquer l'institution militaire dans la vie politique du pays et lui faire assumer une mission qui échoit aux seuls partis politiques d'en trouver les mécanismes de mobilisation pacifique pour donner plus d'ancrage et d'approfondissement à la pratique politique en leur qualité d'instrument et d'espace de réflexion et de force de propositions d'alternatives dans le cadre légal et légitime. La réaction est venue aussi d'un parti qui fait de la transition démocratique son leitmotiv, à savoir Talaiou el Houriat qui a rejeté la proposition de Makri à propos l'institution militaire et son implication dans l'initiative de gérer une transition politique et économique pour faire sortir le pays de «la crise grave» dans laquelle il est empêtré. Ce parti a rappelé: «Il faut laisser l'institution militaire loin de ça, elle a déjà un travail qu'elle est en train d'accomplir vaillamment», a rappelé Ahmed Adimi, porte-parole de Talaiou el Houriat en guise de réponse à Makri sur la question qui a trait à l'institution militaire et son rôle dans la situation sécuritaire que traverse le pays. La transition politique est vue par l'ensemble de la classe politique comme une manière de porter un coup sévère au processus démocratique après la stabilité retrouvée. Beaucoup de partis politiques étaient choqués par la déclaration paradoxale émanant d'un chef de mouvement islamiste qui consiste à faire intervenir l'armée dans un processus politique. Cette position commence à faire tache d'huile au niveau du mouvement de Makri dont certains responsables et cadres essayent d'expliquer la sortie de leur chef comme une position mal comprise par la presse et certains partis au pouvoir. Le MSP s'est retiré volontairement de l'alliance présidentielle dans un contexte qu'il croyait idoine pour sa formation de profiter du semblant «révolutions arabes» où les islamistes avaient le vent en poupe dans les pays où le feu s'est emparé de la situation et que les officines de l'étranger ont mis le paquet pour réduire lesdits pays en des espaces d'anarchie où l'absence de l'Etat était le caractère inhérent à ces pays. Le MSP ne parlait pas de la période de transition durant cette période où son soutien était indéfectible à l'égard des mouvements islamistes qui s'étaient emparés du pouvoir dans les pays touchés par ces semblants de «révolutions arabes». Donc, la problématique est vue autrement par ceux qui font de la transition démocratique et politique juste un piédestal pour assouvir leurs calculs sordides, ce n'est pas une stratégie savamment réfléchie, mais une des tactiques saugrenues dont le MSP use dans la perspective d'engranger quelques strapontins pour consolider sa place et se préparer à l'enjeu stratégique, à savoir la mise en place d'un Etat théocratique.