En exprimant le souhait de son parti de travailler avec l'opposition, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, relance un vieux débat sur le blocage des canaux de dialogue entre le pouvoir et l'opposition. Construction d'un front intérieur solide, reconstruction du consensus national, dialogue entre le pouvoir et l'opposition… Les initiatives et les appels à la concertation entre le pouvoir et l'opposition pour sortir de la crise se multiplient dans cette conjoncture politique difficile et économique laborieuse, mais se sont heurtés à un blocage qui ne dit pas non nom. Les partis au pouvoir n'arrivent pas à se fédérer et les partis de l'opposition peinent à se coaliser autour d'un seul bloc, hypothéquant ainsi toute initiative appelant à une sortie de crise négociée. En raison d'un problème de leadership, le FLN et le RND se regardent en chiens de faïence et le FFS et l'Icso jouent au chat et à la souris. Pourquoi alors un tel blocage ? Pourquoi le courant ne passe pas entre les différentes composantes de la classe politique ? Certains pointent du doigt l'entêtement du pouvoir à imposer ses propres solutions comme la révision de la Constitution pendant que d'autres accusent l'opposition de fermer toutes les portes du dialogue avec le pouvoir. Une grave crise de confiance s'est dès lors installée entre le pouvoir et l'opposition. L'on se rappelle de la rencontre entre le président du MSP, Abderrazak Makri et le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, qui avait soulevé un vent de colère au sein de l'opposition. Nécessité A cause de cette rencontre, la Coordination des libertés et de la transition démocratique (CLTD) a failli partir en fumée. Mais, malgré cela, les différentes parties ne désespèrent pas de trouver des moyens pour dresser des passerelles du dialogue et de la concertation. Le congrès de ce week-end du RND a été une occasion pour le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, d'appeler, en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, les partis du pouvoir à la construction de relations «plus fortes» et à des consultations «plus larges». «J'espère que ma formation politique pourra développer un effort avec les autres partis de la majorité présidentielle», a-t-il lancé. Ouyahia a souhaité également que sa formation travaille avec les partis de l'opposition «autour de tout projet ou initiative respectueuse de la Constitution et des institutions du pays». Le RCD a toujours cru en une «sortie de crise» à travers une transition négociée entre l'opposition et le pouvoir. «Le RCD réaffirme que la proposition d'une transition négociée reste l'offre idoine pour sortir le pays de l'ornière. La plateforme de Mazafran contient les fondements, les mécanismes et les outils pour un changement graduel et apaisé», souligne le parti dans l'un de ses communiqués. Même l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, qui conteste la légitimité des institutions, de la base jusqu'au sommet, a appelé «à un consensus entre le pouvoir et l'opposition» pour sortir le pays de sa crise, en organisant des élections libres et transparentes, suivies de l'élaboration d'une Constitution consensuelle et de la formation d'un gouvernement d'union nationale. Cela, au moment où le plus vieux parti de l'opposition, à savoir le FFS, continue de croire à son initiative de reconstruction du consensus national et appelle le pouvoir et l'opposition à adhérer à sa démarche. Mais ces déclarations de bonnes intentions sont contrariées par l'échange d'accusations toutes aussi graves les unes que les autres entre le pouvoir et l'opposition, du genre «le pouvoir a détruit le pays» ou «l'opposition veut déstabiliser le pays». Le dialogue entre un «destructeur» et un «déstabilisateur» est-il possible ? Le contexte général du pays le commande plus que jamais.