Ali Benhadj a été libéré hier, à 18 heures, de la prison d'El-Harrach. Avec son sens inné du folklore, l'ancien imam de Kouba s'est agenouillé pour embrasser le sol. Il a été remis en liberté dans le cadre de l'application de l'ordonnance sur la Charte de la réconciliation nationale sans avoir pour autant rendu des comptes à la justice suite à ses déclarations incendiaires concernant les deux diplomates algériens assassinés par Al-Qaïda en Irak. De la prison d'El-Harrach d'où il a été libéré vers la mosquée de Al-Chafai du même quartier où il a accompli la prière du Maghreb, Benhadj, flanqué de son codétenu, son homme de confiance, Sid Ahmed de Blida, également libéré, a assuré “le spectacle”. Des sympathisants de l'ex-FIS, ses frères, fils et amis l'ont, par la suite, accompagné au cimetière de Garidi pour se recueillir sur la tombe de sa grand-mère, décédée deux mois auparavant, alors qu'il était en prison. La libération d'Ali Benhadj, ancien numéro deux du FIS dissous, a été précédée par l'annonce du ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, qui en faisait un “candidat” à l'élargissement au même titre que d'autres chefs islamistes et terroristes. Or, si dans le cas des anciens “émirs” du GIA/GSPC dont Abdelhak Layada, Hassan Hattab ou Abderezak El-Para, les charges semblent définies, dans le cas d'Ali Benhadj, la justice a agi avec une célérité inquiétante. Pour justifier l'arrestation de Benhadj, le 27 juillet 2005, dans son appartement à l'Appreval, alors qu'il était en direct sur Al Jazeera, les autorités ont évoqué la découverte de “tracts et documents subversifs” à son domicile qui supposaient être le prélude à de nouvelles inculpations après avoir purgé ses douze années de prison à Blida. Ces propos, qui ont scandalisé l'opinion publique et donné en pâture la vie des deux diplomates algériens détenus alors par Al-Zarqaoui, devaient également faire l'objet de poursuites. Or, depuis huit mois, Ali Benhadj n'a non seulement pas eu droit à un procès en règle, mais se retrouve libre dans le cadre d'une loi dont on se demande l'élasticité dans le cas d'Ali Benhadj. La sortie triomphale de Benhadj de la prison d'El-Harrach sous les cris victorieux de ses partisans indique bien que les islamistes considèrent cette libération comme un succès politique. Mounir B.