La présidence néerlandaise de l'UE (Union européenne) a retenu, dans l'agenda de ses travaux, la tenue d'une conférence ministérielle du pourtour euroméditerranéen, ou encore du processus de Barcelone. Qui s'en souvient à part ceux qui en ont la charge, c'est-à-dire ministres et hauts fonctionnaires qui se gardent de prononcer l'acte de décès d'un processus lancé en grandes pompes en Espagne, il y a exactement neuf ans. En soi, l'idée, qui a fini par être prise en charge par les technocrates de Bruxelles, était fortement intéressante puisqu'elle consistait à établir des rapports durables entre les deux rives de la Méditerranée. Sauf qu'il y avait de gros problèmes qui empêchaient d'aller de l'avant ; comme le prévoient la déclaration de Barcelone avec ses trois corbeilles en fin de compte étroitement liées. Comme la question du Proche-Orient qui rendait impensable l'établissement de mesures de confiance. Et puis l'Europe continuait à regarder vers l'Est, c'est-à-dire préparer son élargissement par l'intégration des anciennes démocraties populaires, et lui consacrer l'essentiel de ses ressources. C'est ainsi qu'est mort MEDA I (les fameuses mesures d'accompagnement), et MEDA II a adopté en décembre 2000 à Marseille, ne fit pas mieux. La réunion depuis hier à La Haye des ministres des Affaires étrangères, devenus 37 depuis l'extension de l'UE, est appelée à maintenir en vie ce processus et, dans le meilleur des cas, à envisager de nouvelles perspectives comme l'intégration de la Libye déjà présente en tant qu'observatrice. La proximité du scrutin présidentiel palestinien prévu le 9 janvier prochain sera un autre sujet de discussion. Un diplomate israélien espère toutefois que la réunion euroméditerranéenne de La Haye permettra de donner un « signal positif », tant au processus de paix au Proche-Orient dont la mort a été décidée par le Premier ministre israélien, qu'à la coopération régionale. Il existe aujourd'hui une « fenêtre d'opportunité » pour remettre sur les rails le processus, souligne un diplomate européen en insistant sur la nécessité de soutenir la prochaine élection palestinienne qui désignera un successeur à Yasser Arafat. L'important est d'accompagner au mieux la « période de transition actuelle, avec ses opportunités, ses risques aussi », analyse le même responsable. Ce sera là un sujet aussi facile que commode puisqu'il s'agira de déclarations d'intention et de simples encouragements aux parties en conflit à aller de l'avant. Ce qui semble être déjà le cas puisqu'Israël s'est engagé auprès des Etats-Unis à faciliter le déroulement de l'élection présidentielle palestinienne. « Et après ? » devrait-on dire. Sur cette question qui revient depuis que le processus de Barcelone a été lancé, Israël refuse de souscrire au moindre engagement. Au-delà du conflit israélo-palestinien, la réunion Euromed doit dresser l'état des lieux de la coopération entre les deux rives de la Méditerranée, à un an du 10e anniversaire de cette coopération, lancée en 1995 à Barcelone (Espagne). Une réunion « au plus haut niveau » est prévue en novembre 2005 dans la métropole catalane pour souffler les dix bougies du dialogue. L'ambition du processus de Barcelone est de parvenir à la mise en place d'une zone euroméditerranéenne de libre-échange d'ici à 2010 ou encore, une zone de prospérité partagée, ce qui est hautement improbable. Ce qui relève par contre du domaine du possible, c'est de voir la Libye intégrée l'ensemble Euromed. Une telle adhésion permettrait de relier le Maghreb et le Machrek dans le réseau de coopération euroméditerranéenne. Encore un vœu qui ne sera pas, quant à lui, impossible à réaliser avec la nouvelle politique de la Libye revenue sur la scène internationale. « Et après ? » dira-t-on encore. Là est une autre question sans cesse débattue. Peut-être faudra-t-il repenser le processus de Barcelone, mais sans toucher au principe. La réponse sera-t-elle apportée aujourd'hui ? Mais sous quelle forme ?