Un gisement de devises longtemps oublié On vient à peine de se rendre compte de l'importance de ce trésor qui peut faire tourner toute une industrie à fort potentiel d'exportation. Gravissime! 20 millions de dollars! C'est la fortune que peuvent rapporter les... peaux de moutons. En effet, Mourad Arif, directeur général de la PME au ministère de l'Industrie et des Mines, a affirmé que l'Algérie avait la possibilité d'exporter plus de 20 millions de dollars annuels de cuir issu des peaux de mouton. Une véritable niche de devises, particulièrement en cette période des vaches maigres où le pays traverse une crise financière aiguë. Pourtant, cette industrie, dont l'Algérie il n'y a pas si longtemps que cela en était une référence mondiale, ne demande pas beaucoup de moyens. L'Aïd el Adha est une occasion en or pour «booster cette industrie». Près de 5 millions de peaux que l'on peut récupérer en une journée, c'est tout une industrie qui peut tourner avec. Les manufactures du cuir en Algérie qui sont en pleine léthargie pourraient sortir de leur coma grâce à ces peaux. Des emplois directs et indirects peuvent même être créés dans leur collecte et leur transformation. Un véritable exploit en ces temps de crise où chaque dinar qui rentre et chaque nouveau poste de travail créé comptent. Mieux encore, la laine et le cuir qui en ressortent après le tannage peuvent être une source de devises pour le pays. Le cuir algérien est très apprécié à l'étranger. Il a une haute valeur, étant considéré comme l'un des meilleurs cuirs au monde. A la belle époque de l'industrie du cuir du pays, les mastodontes mondiaux de la tannerie venaient s'approvisionner chez nous. Imaginons alors ce que cela pourrait nous rapporter... Le commerce international du cuir représente 43 milliards de dollars. La part de l'Algérie est devenue quasi inexistante dans le domaine. Pourtant, son potentiel est énorme! Elle a le plus grand cheptel du Maghreb avec près de 35 millions de têtes. Mais paradoxalement, toute l'industrie du cuir dans le pays est paralysée par le manque «criard» de matière première. Les tanneries algériennes manquent de peau. Ce sont donc des millions de dollars qui sont perdus dans les difficultés de la collecte et la commercialisation d'un produit à faible valeur ajoutée, car la collecte reste archaïque et informelle. Seuls quelques malins font le tour des maisons et des poubelles pour les récupérer! Mais ce ne sont pas des professionnels du domaine. Ce ne sont que de jeunes débrouillards qui abandonnent la collecte du plastique et de la ferraille, le temps d'un Aid El Adha. Certains ont des «touches» directement avec les tanneries, ils les leur revendent à des prix qui varient entre 300 à 500 DA. Mais ils doivent d'abord laisser sécher ces peaux et les laver. Certains préfèrent donc passer par des intermédiaires, ils les revendent donc à 100 DA pièce. Ils perdent certes au change, mais ces jeunes issus de milieux défavorisés voient l'argent rentrer directement sans trop se casser la tête à les bichonner. Cette collecte, qui est informelle, reste cependant confinée seulement dans les régions qui ont une tannerie dans les environs ou au niveau des villes frontalières, notamment avec le Maroc et la Tunisie où ces peaux se vendent comme des petits pains. Dans les autres régions du pays, tant que cette peau ne se mangera pas, on préfère la jeter... Des milliards vont ainsi dans les poubelles! Pour tenter de sauver quelque peu les meubles, le ministère de l'Industrie et des mines, compte récupérer quelque 800.000 peaux de moutons en lançant une campagne spéciale à l'occasion de l'Aïd el Adha. Elles seront mises à la disposition des tanneries pour leur valorisation et utilisation dans l'industrie du cuir, une filière à fort potentiel à l'export. Six wilayas pilotes, Alger, Oran, Constantine, Jijel, Sétif et Batna, ont été choisies pour cette première campagne qui sera étendue vers le reste des wilayas à partir de l'année prochaine. Pour assurer le bon déroulement de l'opération, les sites dédiés à l'abattage des sacrifices et au stockage des peaux seront aménagés dans chacune de ces wilayas, en plus du reste des abattoirs qui seront mobilisés durant les deux jours de l'Aïd. 500 camions dédiés à la collecte ont aussi été préparés. Il était temps...