Dans le plan de redressement de l'industrie manufacturière (IM), il est question d'augmenter la capacité de traitement des peaux animales ce qui revient à dire que les tanneries auront plus besoin de peaux à traiter. Mais trouveront-ils sur le marché les quantités suffisantes pour passer à une production supérieure. A priori cela reste du domaine de l'irréalisable du moins à court terme car pour l'heure, et cela n'est pas un secret de polichinelle, il existe un manque criant de matière première du fait que la production ovine et bovine n'arrive toujours pas à décoller. Cela est un fait mais pour des cadres du secteur que nous avons pu rencontrés en leur siège, ils existent d'autres raisons. «La matière première est disponible mais une grande partie n'arrive pas dans les tanneries publiques», nous a-t-on expliqué du côté du Groupe industriel des cuirs Leather Industry-Spa. Et de nous souligner «contrairement à ce que l'on pourrait croire sur une moyenne de 4,7 millions de moutons sacrifiés chaque année pendant la fête de l'Aïd El Adha, près de 3 millions de peaux sont inexploitables du fait qu'elles sont abîmées en raison du dépiautage manuel, réduisant la valeur de cette matière première». Et de nous affirmer «or si toutes ces peaux étaient récupérées en bon état , la tannerie-mégisserie Tameg, relevant du Groupe de cuir Leather Industry, pourrait en transformer chaque année entre 300 000 et 400 000 pièces soit l'équivalent de 10 ans de travail à pleine capacité de production». Autre phénomène que nous ont révélé nos interlocuteurs «l'offre demeure concentrée dans les mains de quelques groupes de spéculateurs ou en clair par les acteurs du marché informel des peaux animales». Comme ces derniers ont tous tenu à nous dire «dans le secteur il existe un paradoxe très fort : l'abattage est de plus en plus important mais nous trouvons pas suffisamment de peaux à achetés et du coup c'est tout l'énorme potentiel de l'industrie publique du tannage qui se retrouve paralysée». Un déficit de l'offre «créer de toute pièce par certains intervenants dans la filière» nous fait-on savoir. Et de nous ajouter «une concurrence déloyale c'est installée entre le secteur privé et public». Et pour preuve, selon nos locuteurs «le privé rafle tout ce qui lui est proposé du moment où la majorité des vendeurs et collecteurs de peaux n'ont pas de registre du commerce, par contre le secteur public est contraint de facturer ses achats». Il faut dire aussi que les tanneries publiques pâtissent depuis la disparition de la Société de collecte et de conservation des peaux et cuirs (Socop), qui avait d'après des cadres de Leather Industry, un rôle stratégique dans le secteur des cuirs. En effet un de nos interlocuteurs nous dira «Cette entreprise publique spécialisée dans la collecte et le stockage de peaux au profit des tanneries, avait été fermée en 2007, déstabilisant ainsi le circuit d'approvisionnement en matière première. En somme la disparition de cette filiale de l'ex-Sonipec semble avoir laissé la voie libre à des réseaux informels, qui monopolisent actuellement le marché de la collecte de peaux animales. De plus, l'introduction d'autres opérateurs privés étrangers (turcs, syriens, tunisiens) dans la filière, a accentué le manque de la matière première dans le secteur. Un déficit de l'offre sur le marché qui est aussi imputé au phénomène de la contrebande aux frontières Est et Ouest du pays. Et cela malgré la suspension par la loi de finances complémentaire de 2010 de l'exportation de ces peaux à l'état brut qui pèse lourdement sur la disponibilité de la matière première. D'où «la nécessité de réglementer le marché à l'export pour faire barrage aux opérateurs illégaux qui activent dans la filière», nous ont avancé nos locuteurs. Toujours dans ce même ordre d'idées beaucoup de professionnels estiment qu'une reprise en main du marché des peaux est la condition sine qua non pour le bon fonctionnement des tanneries et de toute l'industrie du cuir. Pour ce faire, ils proposent la création de PME spécialisées dans la collecte de peaux selon les normes, ce qui pourrait engendrer beaucoup d'emplois, sans compter les effets positifs sur la balance commerciale du pays. Les professionnels recommandent également d'exclure les collecteurs clandestins. A propos des projets des trois grand abattoirs industriels qui seront implantés dans la steppe, les acteurs de la filière pensent que cela va changer la donne car les tanneries pourront s'approvisionner en quantité suffisante et disposer de peaux de bonne qualité c'est-à-dire intactes. Ces derniers attendent donc avec impatience l'entrée en production de ces abattoirs moderne car pour eux c'est la seule alternative possible pour sauvegarder et remettre sur rail notre industrie du cuir. Z. A.