Aucun secteur n'est épargné par cette «gangrène» La rapidité de la réaction du premier responsable du RND ne constitue pas une garantie suffisante de lutte contre la corruption au sein des partis politiques. Pris «la main dans le sac», le sénateur RND de la wilaya de Tipasa a fait l'objet d'une radiation des rangs de son parti. C'est le secrétaire général, Ahmed Ouyahia, qui a signé la décision. L'«implication dans une affaire de corruption» de Malik Benjouer, explique la réaction rapide du chef du parti, poste le RND sur sa page facbook. On y apprend que Ahmed Ouyahia agit conformément «aux dispositions des statuts du parti adopté lors de son 5e Congrès, ainsi qu'au règlement intérieur adopté par son conseil national». Le sénateur élu à Tipasa qui a été arrêté en flagrant délit de corruption avec 500 millions de centimes en poche qu'il avait réclamés à un opérateur économique est, ainsi «définitivement» radié des rangs du parti. Le poste du RND note au passage que les agissements du sénateur portent «atteinte à la réputation du RND, de ses militants et élus». Le parti de Ouyahia qui espère fermer, le plus tôt possible, la parenthèse de cet élu indélicat, n'est certainement pas à une «indélicatesse» près, au même titre d'ailleurs que nombre d'autres formations politiques. Il y a lieu de souligner à ce propos, la présence de pas mal de failles dans le corps politique national, ce qui permet à de nombreux corrompus potentiels de gravir les échelons de la responsabilité au sein des partis, jusqu'à en devenir incontournables au niveau régional. L'affaire Malik Benjouer n'est ni la première ni la dernière du genre. Elle illustre néanmoins une pratique, certes condamnable, mais l'opinion nationale l'estime très répandue au sein de la classe politique nationale. La rapidité de la réaction du premier responsable du RND ne constitue pas une garantie suffisante de lutte contre la corruption au sein des partis politiques. Il est clair, en effet, que la revendication de la société va au-delà de ce type de réaction a posteriori. Les Algériens notent le peu d'entrain de la scène partisane à faire montre d'un travail d'assainissement de leurs rangs. D'autant qu'à l'échelle locale, tous les personnages connus pour leur corruptibilité, agissent quasiment «à visage découvert» dans les petites communes notamment. Et même dans les grandes villes, sommes-nous tenté de dire, tellement les signes extérieurs de richesse plaident pour des enrichissements problématiques. De fait, la réaction de la direction du RND peut paraître logique et salutaire, mais c'est une goutte d'eau dans l'océan au regard des attentes de la société qui veut beaucoup plus qu'une simple radiation d'un responsable partisan dans une wilaya donnée. Le nécessaire assainissement de toute la sphère politique doit être menée par l'ensemble des appareils partisans, notamment ceux qui sont aux commandes du pays. Le RND n'est certainement pas le seul parti concerné par un toilettage urgent, seul acte censé rétablir la crédibilité des institutions élus du pays. Le propos n'est pas de dire que tous les élus sont «pourris», mais de souligner la présence de «brebis galeuses» dans beaucoup de structures et d'institutions élues qu'il va falloir éliminer avant leur passage à l'acte. D'ailleurs, le sénateur RND de Tipasa est coupable de corruption, parce qu'il a été pris la main dans le sac. Mais l'opinion nationale ne s'intéresse pas qu'à ce genre de corruption. Il est des malversations que des élus peuvent commettre dans la discrétion et sans témoins. Le rôle des partis politiques consiste à débusquer ce genre d'individus, pour leur fermer la porte de la responsabilité en leur sein. En dehors des actions tendant à préserver les partis de cette faune de corrompus, il est impossible de vouloir espérer une remontée dans l'estime des Algériens et, partant, une hausse dans les taux de participation aux élections, elle-même synonyme de stabilité de la République. C'est dire toute l'importance que requiert une lutte contre la corruption au sein des partis politique. Pareille posture donnerait toute la légitimité à tout pouvoir politique national, comme local, de s'élever contre les corrompus qui agissent dans la fonction publique, la justice et les services de sécurité. En un mot comme en mille, la guerre aux corrompus n'est pas seulement l'affaire des services compétents de la République. Elle relève également de la responsabilité de la sphère politique. Laquelle, avant d'appeler à l'exemplarité, doit impérativement «montrer patte blanche» pour mieux mobiliser l'opinion publique contre un fléau qui ronge la société de l'intérieur. En d'autres termes, les partis doivent cesser d'être le problème, pour devenir l'un des éléments de la solution pour mieux combattre la corruption en Algérie.