Le président Bouteflika invite l'ensemble des Algériens à ne pas baisser la garde «Vous devez (...) à ce front populaire solide, faire face à tous les fléaux et en premier lieu la corruption et la drogue qui rongent notre économie et notre société.» Le président de la République a appelé, lundi dernier, à la constitution d'un front populaire. L'appel est destiné aux Algériens, invités à prendre exemple sur la génération de Novembre pour faire face aux défis de l'heure, que sont le terrorisme transnational, la corruption, le trafic de drogue et l'instrumentalisation de la religion. En effet, dans son message à l'occasion de la commémoration de la Journée nationale du Moudjahid, lu en son nom à Tébessa par le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, le chef de l'Etat exhorte «les enfants de notre chère patrie à suivre les pas de nos glorieux Moudjahidine et valeureux Chouhada». Le président Bouteflika invite l'ensemble des Algériens à ne pas baisser la garde, en ce sens que ce qui a été déjà réalisé doit être consolidé pour donner au pays toutes les chances de capitaliser sur les acquis et ne pas devoir reconstruire, encore une fois, le pays. Cela passe par une mobilisation de tous les instants «pour la poursuite de l'édification et la mutualisation de toutes les potentialités de notre pays», préconise le chef de l'état, tout en liant cette tâche, qu'il veut populaire, au renforcement de «l'édifice d'un front populaire solide afin de garantir la stabilité de l'Algérie face à toutes les manoeuvres internes et menaces externes». On aura compris que le chef de l'Etat entend amener les Algériens à une prise de conscience en rapport avec la conjoncture actuelle, porteuse de germes de danger extérieur contre la stabilité du pays, mais également d'une menace interne, visant à saper le moral de la société, pour la fragiliser et la rendre vulnérable. Cette cohésion, soumise à une forte pression, doit donc tenir contre une vision destructrice, elle-même alimentée par des «crises extérieures qui se jouent à nos frontières», relève le chef de l'Etat. L'admirable fusion Ces crises multiples et de natures diverses et sont surtout «porteuses des dangers du terrorisme abject et des réseaux du crime organisé, deux fléaux désormais transfrontaliers». On pourrait penser que la menace est exagérée, sauf que la réalité du terrain et les chiffres qui la sous-tendent montrent clairement une montée des périls et une Armée nationale populaire dans un état de vigilance extrême. La situation est, pour le moins, tendue, et le déploiement militaire, quel que soit son efficacité, ne saurait constituer une réponse définitive à des défis d'une complexité telle qu'il serait inconscient de les laisser pour un usage spécifiquement militaire. En fait, les défis sont d'une nature tellement complexe que les Algériens doivent chercher dans leur histoire une situation de contrariété majeure, à même de convoquer l'esprit patriotique. Dans ce sens, le président Bouteflika a exhorté les Algériens à «prendre exemple sur l'élite de notre société, les éléments de l'Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l'Armée de Libération nationale et les éléments des forces de sécurité qui consentent quotidiennement des sacrifices pour la sauvegarde de l'intégrité, et la souveraineté de notre territoire national et la préservation de la sûreté et de la sécurité de notre peuple et de ses biens». En d'autres termes, ce que font nos soldats dans nos montagnes et à nos frontières, doit être soutenu par un comportement de même intensité patriotique au plan social. Le président Bouteflika a mis en avant, à ce propos, «l'ampleur des défis qui continuent à se poser à nous pour satisfaire tous les besoins sociaux de notre peuple et pour construire une économie forte et moins dépendante des hydrocarbures». C'est là tout le sens de la mobilisation à laquelle appelle le chef de l'état. Il est entendu que l'Algérien se doit de défendre ce qu'il a et lutter pour avoir mieux, et cela dans tous les domaines de la vie. «La liberté et l'indépendance, la construction et l'édification sont des acquis et des enjeux qui requièrent la mobilisation permanente, l'effort intarissable et même le sacrifice au service de la patrie», a-t-il ajouté. «Le droit à la liberté, à l'indépendance ainsi que le droit des peuples à vivre dans la stabilité et la sérénité (sont) devenus une chose rare dans le Monde arabe en raison des conflits et des crises épuisants pour nos potentialités, des conflits qui nous éloignent du devoir sacré de libérer la Palestine», a-t-il déploré. Ce front auquel le chef de l'Etat appelle de ses voeux n'est pas une vue de l'esprit. Et le président de la République l'a clairement mis en exergue dans son message à la nation. Il a fait de cette occasion une espèce de terreau qui immunise le présent et les acquis de la glorieuse révolution du 1er Novembre 1954 et le long processus témoin de l'émergence de l'état-nation et l'édification des institutions garantes de ce patrimoine révolutionnaire, et de la souveraineté nationale chèrement acquise. Le message présidentiel s'inscrit dans le sillage d'un processus faisant de haltes historiques une sorte de méthodologie participant dans l'éclairage de la genèse de cette glorieuse révolution et le combat libérateur du peuple avide de sa liberté et de sa souveraineté. Le président Bouteflika rappelle que la lutte et la quête pour la libération et l'indépendance du pays se sont faites par le consentement d'un lourd tribut fait de sang et autres brimades, tortures et massacres. Dans le même sillage, le message indique que «la date du 20 Août coïncide également avec l'anniversaire de mémorables évènements historiques, à commencer par l'Intifada de notre vaillant peuple dans le Nord-Constantinois qui, par les sacrifices qu'il a consentis, a confirmé que la révolution du 1er Novembre 1954 était véritablement la révolution de tout un peuple, un peuple résolu à libérer sa terre, un peuple dont l'Armée de libération nationale a été le solide bouclier pour briser les chaînes du colonialisme». Et de rappeler que «l'intifada du 20 Août 1955 a été une admirable fusion entre nos vaillants moudjahidine et nos valeureux citoyens, une fusion qui a terrifié l'implacable colonisateur. Ce sursaut a été également une preuve supplémentaire de la détermination de notre peuple à payer le prix fort pour le recouvrement de sa liberté. Face à ce nouveau sursaut de notre brave peuple et à la bataille courageuse menée par notre Armée de Libération nationale le 20 Août 1955, le colonisateur s'est livré à une sanglante répression sans précédent, en utilisant toutes sortes d'armes par voies terrestre, aérienne et maritime, une répression qui a atteint sa plus horrible manifestation avec le massacre dont a été le théâtre le stade de Skikda qui a vu le génocide de plus de 10.000 civils sans défense», a souligné le président Abdelaziz Bouteflika dans son message. Longue marche du peuple Le message se veut comme un hommage à l'Armée de Libération nationale (ALN) et le peuple qui a cru en cette armée soucieuse de l'intérêt des Algériens qui subissaient les affres du colonialisme et de ces retombées des plus néfastes. Le président de la République a indiqué dans son message que «durant la lutte armée et à un moment crucial de la glorieuse révolution de Novembre, le Commandement de l'Armée de Libération nationale a décidé de la tenue du congrès de la Soummam le 20 Août 1956. Un congrès qui a réuni l'élite des dirigeants de notre révolution armée, qui ont arrêté une charte traçant la route de notre révolution jusqu'à la victoire et mis en place une solide organisation de notre lutte armée et une structure politique permanente, venue en appui au bouclier politique de la glorieuse révolution de Novembre, j'entends le Front de libération nationale. En effet, l'organisation militaire adoptée par le congrès de la Soummam a permis de donner un souffle nouveau et fort à l'Armée de Libération nationale qui a ainsi renforcé sa présence sur le terrain et resserré l'étau sur l'armée coloniale», a précisé le président de la République dans son message. Le président de la République a fait le lien entre la période coloniale et le combat du peuple algérien sous l'étendard de son Armée de Libération nationale et la situation que connaît le pays aujourd'hui. Dans ce sens, le message du président de la République rappelle la longue marche du peuple algérien vers l'affirmation de sa souveraineté et la défense du pays et de son développement économique et social. Le message a souligné que «certes, aujourd'hui nous jouissons des bienfaits de la liberté et de l'indépendance, et des fruits du processus de construction et d'édification, engagé par notre vaillant peuple depuis plus de cinq décennies, un processus qui a enregistré un bond qualitatif et quantitatif les deux dernières décennies, et vous en êtes témoins, à travers tout le pays de son extrême Sud à sa façade maritime et d'Est en Ouest. Cependant, la liberté et l'indépendance, la construction et l'édification sont des acquis et des enjeux qui requièrent la mobilisation permanente, l'effort intarissable et même le sacrifice au service de la patrie», a asséné le président de la République dans son message.