Décidément, la France a perdu prise en Afrique. Depuis quelques années ce sont les Africains et les Asiatiques qui financent la majorité des projets économiques dans le Vieux Continent du Sud ce qui a délimité la présence culturelle, médiatique et même parfois militaire et économique en Afrique. Parmi les pays qui sortent du giron de la France, le Gabon. Récemment, la Haute autorité de la communication (HAC) du Gabon a décidé de suspendre l'autorisation de diffusion de France 2 pendant un an. Il est reproché à la chaîne publique française d'avoir diffusé le 16 août dernier un documentaire jugé «subversif» du hors-série de son émission Complément d'enquête intitulé «Le clan Bongo: une histoire française». Cette décision est une première au Gabon. Canal+, qui diffuse France 2 par satellite au Gabon, va devoir trouver un moyen pour occulter la chaîne seulement aux Gabonais... Un détail technique qui aura échappé aux autorités gabonaises dans leur empressement de censurer France 2... Dans son reportage, l'émission Complément d'enquête dénonçait les agissements illégaux du clan de Ali Bongo, preuves à l'appui. Cette décision a eu des répercussions sur d'autres médias proches du lobby français. La Haute autorité a jugé que la rediffusion du reportage était «répréhensible» et qu'elle portait «atteinte aux institutions de la République, à la dignité d'autrui de nature à troubler l'ordre public». Une enquête qui a déclenché les foudres du pouvoir gabonais. Une sanction qui risque surtout de créer un effet Streisand au Gabon. La HAC, dirigée par Raphaël Ntoutoume Nkoghe, ancien directeur de la communication de Ali Bongo, a en outre suspendu pour un mois le journal Echos du Nord, l'un des principaux médias d'opposition du Gabon. Une décision qui intervient à quelques semaines des élections législatives, prévues le 6 octobre après plusieurs reports. La Haute autorité de la communication a en effet sanctionné le média pour n'avoir pas répondu présent à la convocation de l'institution de régulation des médias au Gabon. Le 27 juillet, le média sanctionné avait publié un article sur Pierre-Claver Maganga Moussavou, le vice-président gabonais, qui aurait acheté deux véhicules de luxe d'une valeur d'environ 150 millions de francs CFA. L'intéressé avait attaqué cette information auprès des autorités régulant l'activité des médias. Il faut dire que les Echos du Nord avaient insisté sur l'indécence de cet achat qui a été mis en parallèle avec les difficultés rencontrées par les fonctionnaires gabonais. Jusque-là, l'information n'a pas pour autant été infirmée et seule l'absence des responsables du trihebdomadaire mis en cause a été sanctionnée. Cette bataille médiatique entre la France et le Gabon vise notamment, à exclure du pouvoir Ali Bango. Placé au pouvoir par la France, il a depuis changé de cap en accordant d'importants projets aux Chinois et aux pays arabes comme le Maroc et l'Egypte. La France a visiblement perdu pied dans cette contrée africaine. [email protected]