La tension est montée d'un cran le lendemain: des heurts violents ont opposé les forces de l'ordre à plusieurs milliers de partisans de l'opposition demandant la démission du fils du défunt Omar Bongo. La campagne pour l'élection présidentielle du 30 août au Gabon s'ouvre aujourd'hui sur fond d'appels au report du vote de plusieurs des 23 candidats en lice pour succéder à Omar Bongo, décédé après 41 ans au pouvoir et dont le fils, Ali Ben Bongo, fait partie des favoris. Avant même cette ouverture officielle, la plupart des poids lourds du scrutin ont multiplié les meetings à Libreville et à l'intérieur du pays. C'est le cas des anciens ministres et membres du Parti démocratique gabonais (PDG) fondé par Bongo qui se présentent en ´´indépendants´´: Casimir Oyé Mba, Jean Eyéghe Ndong et André Mba Obame. L'ancien hiérarque du PDG et ex-candidat à la présidentielle de 2005 Zacharie Myboto et l'opposant historique Pierre Mamboundou ont aussi été très présents pendant la pré-campagne. Le fils aîné de Bongo, Ali Ben Bongo, 50 ans, ministre de la Défense depuis 1999, est sans doute le candidat qui a fait le plus parler de lui. Investi par le PDG, il a occupé une place importante, notamment dans les médias publics. Surtout, il a été au centre d'une intense polémique: plusieurs de ses adversaires ont réclamé sa démission du gouvernement ainsi que celle d'un autre ministre candidat Pierre-Claver Maganga Moussavou (Enseignement technique), afin que tous les postulants à la présidence soient sur un pied d'égalité. «Faux débat», a rétorqué le PDG, soulignant qu'«aucune disposition ne disqualifie les candidats à l'élection présidentielle pour siéger au gouvernement». M.Maganga Moussavou a cependant annoncé le 6 août sa démission. La tension est montée d'un cran le lendemain: des heurts violents ont opposé les forces de l'ordre à plusieurs milliers de partisans de l'opposition demandant la démission d'Ali Ben Bongo. «On veut le changement», le «Gabon n'est pas une monarchie», ont scandé les manifestants. Bien qu'il cristallise le mécontentement de ceux qui veulent une alternance, le «candidat du pouvoir» part «favori», a estimé jeudi le journal d'opposition Misamu. Parce qu'il dispose «de puissants moyens et d'une machine redoutable rompue à la chose: le PDG», a-t-il relevé, soulignant que la «pléthore de candidats» en lice pourrait aussi jouer en sa faveur. Le résultat sera «serré», prédit une source proche de la présidence, qui n'exclut pas des alliances entre certains présidentiables d'ici au 30 août. Ceux des candidats qui disposeront d'importants moyens financiers, afin notamment de se déplacer à l'intérieur du pays, essentiellement accessible par avion, auront toutes les chances de remporter le scrutin, soulignent plusieurs observateurs. Ajoutant à la fébrilité ambiante, un collectif de onze candidats, dont Oyé Mba, Mamboundou et Myboto, a annoncé mercredi son intention de saisir la justice pour un report du vote, estimant «trop flagrantes» les «irrégularités» et «inégalités» dans la préparation de l'élection. «Nous respectons la date fixée par les instances habilitées à fixer les élections: la date c'est le 30 août», a répondu le Premier ministre Paul Biyoghé Mba. Les «problèmes de fiabilité des listes, de délais» présentés par les candidats ne sont «pas totalement faux mais (...) ne constituent pas, de notre point de vue, une condition sine qua non» au report de l'élection, a-t-il dit. Si le contexte de ce scrutin est totalement inédit, personne n'oublie cependant que depuis le retour au multipartisme, en 1990, chaque élection a été boycottée ou contestée par l'opposition qui a dénoncé des fraudes.