Une dizaine de candidats se bousculent pour le fauteuil présidentiel laissé vacant par feu Omar Bongo. Challenge difficile pour le fils de l'ancien chef de l'Etat qui régna 42 ans sur le Gabon. Une dizaine de Gabonais ambitionnent d'être candidats à l'élection présidentielle prévue pour le 30 août dans leur pays, le plus médiatisé étant le fils du défunt président Omar Bongo Ondimba, Ali, choisi mercredi comme candidat par le parti au pouvoir. Déjà, bien avant l'annonce officielle le 8 juin du décès du président Bongo, plusieurs sources au Gabon et à l'étranger lui avaient prêté des vues sur le fauteuil présidentiel mais Ali Ben Bongo Ondimba, 50 ans, n'avait jamais commenté le sujet publiquement. Le bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG), formation dont il est vice-président, l'a choisi «par large consensus» parmi dix candidats, et il doit être investi lors d'un congrès aujourd'hui. «Rien de surprenant», «c'était couru d'avance», entendait-on à Libreville, où peu de gens osent s'exprimer à découvert sur Bongo fils, ministre de la Défense depuis 1999, qui reste discret malgré une forte présence médiatique. Si certains, fatalistes, se préparent à le voir «passer sans problème, comme son père» qui a dirigé pendant 42 ans ce pays de moins de 1,5 million d'habitants, d'autres prédisent une rude bataille. Des cadres issus du PDG, mécontents, seraient prêts à se lancer dans la course en tant qu'indépendants, d'après plusieurs sources, ce qu'a démenti mercredi soir le secrétaire général du parti, Faustin Boukoubi. «Pour le moment, il n'y a aucune contestation» de ce choix et «personne n'a annoncé qu'il quittait le parti», a assuré M.Boukoubi. Parmi les candidats issus du parti au pouvoir, deux étaient considérés comme les mieux placés, avec Ali Bongo: le Premier ministre Jean Eyéghé Ndong, 63 ans, qui a démissionné de son poste vendredi pour pouvoir se porter candidat à la présidentielle et le ministre des Mines et du Pétrole Casimir Oyé Mba, 67 ans. Avant l'annonce de la désignation de Bongo fils, huit personnalités avaient officialisé leurs prétentions, dont le vice-Premier ministre Paul Mba Abesso, 69 ans, et le ministre Pierre-Claver Maganga Moussavou, 57 ans, tous deux appartenant à la majorité au pouvoir. L'ex-ministre Victoire Lasséni Duboze, 56 ans, est la première femme à se déclarer candidate à la présidentielle. Un pasteur, une dirigeante d'une église pentecôtiste, des leaders d'ONG figurent aussi sur la liste des candidats, qui devrait s'allonger avec des annonces attendues au sein de l'opposition. Tous, néanmoins, sont maintenant fixés sur le calendrier électoral, établi par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap) et «entériné» jeudi par le conseil des ministres. La présidentielle aura lieu le 30 août. Le dépôt des dossiers de candidature est prévu de vendredi jusqu'au 22 juillet, et la campagne électorale sera lancée le 15 août à 00H00 pour deux semaines. La Cour constitutionnelle avait donné un délai pour organiser la présidentielle «au plus tard le 6 septembre», en réponse à une demande du gouvernement. Ce dernier avait estimé que le délai de 45 jours maximum à partir du début de la vacance de la présidence était intenable pour organiser le scrutin. La vacance a été juridiquement constatée le 9 juin, au lendemain de l'annonce du décès d'Omar Bongo et la présidente par intérim, Rose Francine Rogombé, a prêté serment le 10 juin. Bruno Ben Moubamba, 42 ans, responsable d'un réseau d'ONG gabonaises en Europe et un des candidats déclarés, a appelé jeudi à un report du scrutin «au moins jusqu'à fin septembre», dans une déclaration diffusée par la télévision privée TéléAfrica. Selon lui, ce report devrait permettre aux Gabonais de s'inscrire sur les listes électorales et d'organiser une élection transparente.