Ebullition. Les quelques cas (45 dont 31 étaient guéris hier) de choléra recensés en Algérie sont passés des services médicaux aux propagandistes politiques en un temps record. Hier, l'ambassade de France en Algérie a dû démentir des fake news qu'une chaîne de télé privée algérienne n'a pas hésité à relayer. Ces fake news «évoquent la nécessité pour les voyageurs (en provenance d'Algérie. Ndlr) de présenter un certificat médical de non-contamination par la maladie du choléra, en l'absence duquel une visite médicale payante serait obligatoire à l'arrivée dans les aéroports français» écrit en substance dans son communiqué l'ambassade de France en Algérie. Avant d'ajouter qu'elle tient à «démentir ces rumeurs sans fondement et précise qu'aucune mesure de ce type n'a été mise en place par le ministère des Solidarités et de la Santé». D'autres sources font état «d'inquiétudes des autorités tunisiennes qui ont mis en application des mesures spécifiques dans les postes frontaliers avec l'Algérie». Sans préciser cependant la nature de ces «mesures spécifiques». Ce sont des attitudes sorties tout droit d'officines qui consistent à amplifier un événement en jouant sur les amalgames. Comme vouloir transformer 47 cas sur 42 millions d'Algériens en une épidémie majeure. Tous les médias français se sont intéressés à ce choléra qui dévalorise l'image de l'Algérie. Ils y ont mis tellement d'ardeur qu'ils ont failli oublier l'actuel retour de la rougeole dans toute l'Europe, y compris en France. La rougeole ne se soigne pas aussi facilement que le choléra. L'information «gonflée» du choléra en Algérie prend un sens très subversif dans le contexte du Yémen en guerre aggravée par un million de cas de choléra. Ceci dit la faute ne revient pas uniquement à ces médias internationaux dont on sait tout l'amour qu'ils nous portent. Pour notre malheur, la communication institutionnelle ne parvient pas à se mettre au niveau des standards internationaux et continue de se «noyer dans un verre d'eau». Ceci pour une communication ordinaire. Alors, quand il s'agit de communication de crise comme c'est le cas avec le choléra, c'est la débandade. Plusieurs sources avancent des faits et des chiffres différenciés. On perd du temps à se «tâter». Enfin, toute la panoplie pour perdre sa crédibilité auprès de l'opinion nationale et laisser la voie libre aux officines qui alimentent les réseaux sociaux et «le bouche-à-oreille». Les «journalistes» qui ont rapporté «l'exigence» d'un certificat médical pour les voyageurs à destination de la France ou de la Tunisie devraient consulter le site d'Air France pour se rendre compte des «mesures» pratiquées par cette compagnie française contre le choléra. «Le risque (de contamination, Ndlr) est très faible pour la plupart des voyageurs, y compris dans les pays où la maladie donne lieu à des épidémies récurrentes, car elle s'évite par des mesures d'hygiène simples (consommation d'eau potable, lavage des mains, épluchage des fruits, consommation d'aliments chauds et cuits...). Ce qui renforce le démenti de l'ambassade de France en Algérie. Le choléra a besoin de médecins et de...vrais journalistes. Le choléra a besoin de structures sanitaires, mais aussi d'un centre de communication institutionnel!