L'épidémie de choléra qui affecte certaines régions du centre du pays a créé une véritable psychose chez les citoyens de la wilaya de Bouira. Ces derniers ont été pris d'une soudaine hypocondrie et ont littéralement pris d'assaut les différents hôpitaux de la wilaya de peur d'une hypothétique contamination. Conséquence, les services des urgences de Bouira, de Lakhdaria, de M'chedellah ou encore d'Aïn Bessam sont débordés. Ainsi, dès l'annonce de l'épidémie par les services du ministère de la Santé, des dizaines de malades, parfois imaginaires, ont afflué vers les divers hôpitaux de la wilaya. Hier, lors de notre virée dans les EPH de Bouira et de Lakhdaria, il a été constaté une affluence record au pavillon des urgences de ces deux structures de santé. Et dans la plupart des cas, les patients repartent avec une simple ordonnance et pour certains, sans la moindre prescription médicale. "J'ai eu des maux de ventre la nuit dernière. Je suis venue consulter de peur que ce soit le choléra", dira une jeune fille croisée à l'intérieur du bloc des urgences de l'hôpital de Lakhdaria. À peine une dizaine de minutes plus tard et après avoir été prise en charge par les médecins, elle repartira avec une boîte de Smecta et des anti-inflammatoires. "C'est une véritable psychose qui s'est créée et nous sommes plus que débordés", dira un médecin gastroentérologue. Du côté de la direction dudit hôpital, on affirme que 95% des consultations effectuées depuis vendredi sont bénignes. "Nous sommes victimes de la panique généralisée qui s'est emparée de la population ! Néanmoins, nous faisons de notre mieux pour prendre en charge l'ensemble des patients", déclarent les services de l'EPH de Bouira. Il faut dire que cette panique est accentuée, voire favorisée, par le manque ou carrément l'inexistence de communication officielle, aussi bien à la DSP qu'au niveau de la wilaya. Devant la défaillance criante de communication, la population s'est retrouvée livrée aux fake news et autres intox provenant des réseaux sociaux. Au final et même si l'épidémie de choléra est circonscrite à Bouira, c'est le défaut de communication des institutions publiques qui sème la psychose chez les citoyens. RAMDANE BOURAHLA