Suffit-il d'être promu au rang de chef-lieu de daïra pour bien être loti en matière de projets de développement ? Le visage qu'offre la commune de Chemini tend à confirmer le contraire. Promue au rang de chef-lieu de daïra en 1991, la commune de Chemini dont la création date de l'époque coloniale, n'arrive toujours pas à décoller. Comment pouvait-il en être autrement lorsqu'on sait qu'elle dépend entièrement de l'aide financière étatique. Ce n'est pourtant pas la volonté qui manque chez les élus qui évoquent «les entraves» administratives pour justifier cette «agonie». «Notre tâche est d'autant plus difficile car nous dépendons du bon vouloir de l'administration», lance M. Bachir Talbi, P/APC de cette localité en ajoutant que «même notre programme de développement ne peut être réalisé lorsque les subventions allouées par les pouvoirs publics sont aussi minimes». Il citera le montant des PCD par année pour expliquer ses propos: «D'une enveloppe de 2 milliards 500 millions en 2003, on est passé à 10 millions de dinars en 2004, pendant que les besoins n'ont pas cessé d'augmenter», soutient-il. Située à 60 km du chef-lieu de wilaya, la municipalité de Chemini compte une population d'environ 20.000 habitants répartis en 26 villages sur une superficie de 3.904 km². Avec un relief accidenté et une vocation pastorale, Chemini n'a aucune entrée financière se trouvant, par voie de conséquence, dépendante des subventions de l'Etat. La nouvelle majorité issue des élections locales d'octobre 2002 a tenté tant bien que mal de prendre en charge les préoccupations les plus urgentes. Il aura fallu six mois de tractations pour parvenir à la destitution du 1er P/APC et la désignation de l'actuel président dont les rapports avec la fédération FFS, toujours intérimaire, ne sont pas au beau fixe. Six mois de perdu mais la volonté de la majorité a fini par dépasser toutes les divergences pour se consacrer à la consommation de l'argent alloué. Rien qu'en 2003, c'est là l'année de privation de la commune, 500 millions de dinars ont été dépensés pour la rénovation du réseau AEP des 5 villages du douar Semaoun, 2,5 millions de dinars pour l'extension de l'assainissement de 4 villages. Pour l'année en cours, l'Assemblée a inscrit en priorité plusieurs projets dont la réalisation dépendra de l'enveloppe financière que la wilaya attribuera dans le PCD. Pour un montant de 10.000.000 DA, l'APC compte s'atteler en 1re priorité à l'achèvement et réfection du captage et conduite AEP Semaoun, de même pour le réseau d'assainissement des mêmes villages, la réalisation d'un réservoir de 200 m3 à Semaoun et l'aménagement des gradins et loge du stade communal. En 2e priorité, il y a lieu de noter l'aménagement et le revêtement d'une piste reliant Chaïbi et Rebla sur 700 ml, l'extension du réseau assainissement des villages Takarobt, Titiouna, Boumelal, Taghrast et la réalisation d'un canal en béton armé à Agueni. Tout cela pour un montant de 10.000.000 DA faisant un total de crédit de paiement pour 2005 de l'ordre de 20.000.000 DA. Sur le plan sécuritaire, la commune a connu une dégradation totale. La drogue, l'alcool, les agressions et les vols sont légion faisant installer un climat à la limite de la psychose. La GN ayant été délocalisée, les citoyens attendent toujours l'installation de la Sûreté de daïra, pourtant promise. A cela, il faut évidemment ajouter le taux de chômage qui ne diffère pas trop de celui des différentes communes de Kabylie. Les diplômés sont là à scruter les passants, à défaut d'un visa pour l'immigration. A Chemini, la volonté existe aussi bien chez les élus que chez les citoyens mais ce sont surtout les moyens qui manquent.