Le calme précaire qui existe dans les états-majors est suspect. La fausse tendance à l'apathie, qui semble se dégager des partis, est inversement proportionnelle à un début d'année qui s'annonce agité. Les trois derniers mois ont été rentabilisés par les partis politiques à peaufiner leur stratégie électorale, a mobiliser les militants et les cadres, à renouveler les structures de direction, mais surtout à tenter d'attirer de nouveaux noms, de nouveaux visages dans la perspective du montage des listes électorales. Et à ce jeu-là, les partis se présentent en rangs dispersés. D'abord, les partis qui font preuve de fatalisme. A leur tête le nouveau FFS incarné par Ahmed Djeddaï, un proche de Aït Ahmed, qui répète inlassablement que les élections sont «jouées d'avance» entre les deux pôles majoritaires à l'assemblée (FLN-RND) et que la fraude électorale va faire son effet. Même s'il ne se prononce pas, le FFS surveille de près l'évolution de la situation en Kabylie dont certaines parties se sont déjà déclarées pour le boycott. Or, la situation est en train de mûrir en faveur du parti d'Aït Ahmed au détriment d'un RCD embrouillé par une succession d'affaires. L'attentat avorté contre Saïd Sadi a agi comme un boomerang sur le RCD, qui a, prématurément, quitté la scène du débat politique. Il faut dire que les péripéties internes du parti, marquées par l'affaire Benyounès dont on s'est évertué à étouffer les suites et les incidences internes au sein du RCD n'ont pas contribué à aider le parti à se construire un équilibre pour s'engager sereinement dans la bataille électorale. Les partis islamistes font preuve d'attentisme. Si les observateurs ne savent pas dans quelle proportion leurs forces sont organisées, du fait de l'incidence indirecte des attentats du 11 septembre, du profil bas affiché par l'internationale islamiste dans cette conjoncture particulière et également du fait d'un repli tactique, ils n'en demeurent pas moins actifs. Le mouvement El-Islah de Djaballah tente ainsi de rameuter une base islamiste en explorant la jonction avec l'électorat résiduel de l'ex-FIS. Ennahda tente, pour sa part, de réduire son hémorragie interne, alors que le MSP, comme le veut la tradition, se prépare dans la plus grande discrétion au lancement de la campagne. Sur ce plan, le parti de Mahfoud Nahnah a déjà installé sa commission électorale et le vieux cheikh travaille au corps les imams de la République dans l'espoir de récupérer quelques mosquées en vue de la campagne électorale. Face à ces deux pôles, le troisième, incarné par le FLN et le RND, fait preuve de labeur. Dans le FLN de Ali Benflis, le mot d'ordre est au travail et à la restructuration. On rénove les organigrammes, on propulse de nouveaux jeunes, on s'intéresse aux militants de base et on ouvre les locaux à une population qui avait pris l'habitude de ne voir le FLN que sous la forme de sigles accrochés aux frontons des mouhafadhas. Le travail qu'entreprend Benflis est fastidieux, desservi en cela par le manque de temps et les accusations répétées d'une partie de l'opposition d'utiliser une double casquette pour les élections. Benflis se montre optimiste quant à l'évolution du rapport de force électorale surtout depuis qu'Ouyahia et le RND semblent se faire une raison de prospérer dans le sillage d'un FLN réformé. Le RND, qui veut également relancer sa base, aura quelques difficultés à faire oublier aux autres sa victoire contestée en 1997. Or, l'enjeu pour le FLN est de concrétiser une poussée politique en gains électoraux sans qu'il ait, en 2007, à regretter une victoire controversée en 2002 que les observateurs lui croient promise.