Des manifestations cycliques Ce n'est pas la première fois que le poste douanier de Ras Jedir, non loin de Ben Guerdane, est fermé pour cause d'insécurité ou, plus grave, d'attentat terroriste dans la région. Mais un bon nombre de commerçants qui activent dans cette zone frontalière voit ces fermetures d'un mauvais oeil. Alors même que la saison estivale bat son plein et que les vagues de touristes européens drainées par les tour-opérateurs font enfin leur réapparition dans le pays, voilà que la Tunisie est de nouveau en proie à ses démons de la contestation sociale dans la région, connue pour être des plus instables, de Ben Guerdane, à la frontière avec la Libye. Des heurts entre habitants et forces de l'ordre se sont en effet produits, pour la deuxième nuit consécutive, dans cette ville stratégique qu'est Ben Guerdane, au sud de la Tunisie, près du poste-frontière avec la Libye fermé depuis plus d'un mois. Des sources officielles ont confirmé que la situation est effectivement tendue. Au cours des nuits de lundi et mardi, plusieurs dizaines d'habitants dont une majorité de jeunes victimes du chômage, ont incendié des pneus et jeté des pierres sur des membres des forces de sécurité pour protester contre cette fermeture de la frontière qui affecte leurs activités transfrontalières, source de leur subsistance, mais dont le caractère illégal interpelle régulièrement les autorités du pays comme n'a pas manqué de le souligner le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur, Sofiane Zaag. Pour disperser les protestataires, qui ont «attaqué» le principal poste de police de Ben Guerdane, des policiers ont fait usage de gaz lacrymogène, a tenu à préciser M. Zaag. Le chef du poste de police a été blessé à la tête par une des pierres utilisées par les protestataires tandis que du côté des manifestants, on ne déplore aucun blessé, a encore indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur tunisien. Ce n'est pas la première fois que le poste douanier de Ras Jedir, non loin de Ben Guerdane, est fermé pour cause d'insécurité ou, plus grave, d'attentat terroriste dans la région. Mais un bon nombre de commerçants qui activent dans cette zone frontalière voit ces fermetures d'un mauvais oeil même si les autorités locales attribuent le plus souvent le fait à une décision des autorités libyennes soucieuses de combattre le trafic en tous genres et notamment celui du carburant. C'est cependant ce qu'a reconnu un responsable sécuritaire libyen dans le poste frontalier, qui a fait part d'une décision du GNA présidé par Fayez al Serraj, tout en dénonçant les abus constatés dans les transactions effectuées par les habitants de Ben Guerdane qui «contestent une décision leur interdisant d'acheminer des marchandises depuis la Libye vers la Tunisie en toute illégalité». En somme, ces manifestations qui accroissent les tensions dans une zone déjà fortement ébranlée par les mouvements des groupes terroristes visent à arracher le «droit» de mener des activités de contrebande émaillées ces derniers temps par de multiples agressions à l'encontre de voyageurs libyens, selon le responsable sécuritaire précité. Tripoli a vivement réagi à ces agressions mafieuses, exigeant davantage de sécurité pour ses ressortissants et le GNA attend un «engagement explicite» en ce sens pour ordonner la réouverture du passage de Ras Jedir. En attendant, les réunions des responsables locaux libyens et tunisiens se multiplient afin de trouver une solution consensuelle. C'est ainsi que Hafedh Sassi, maire de la ville libyenne de Zouara dont les autorités contrôlent le poste-frontière en question, s'entretient régulièrement avec son homologue de Ben Guerdane et une nouvelle réunion devrait avoir lieu tout prochainement.La population tunisienne de la région considère qu'elle est «abandonnée» par le pouvoir central et n'a d'autre ressource que cette activité de contrebande avec la Libye, source d'un trafic transfrontalier dont profitent largement les groupes terroristes qui essaiment dans tout le sud-est de la Tunisie. C'est là une des raisons pour lesquelles le passage de Ras Jedir est souvent fermé du côté libyen tandis que les autorités tunisiennes déplorent les conditions dans lesquelles elles doivent négocier avec leurs homologues de Tripoli dont les engagements sont aléatoires, compte tenu du chaos politique et sécuritaire dans lequel le pays voisin se trouve.