Moscou dénonce le retour des Casques blancs à Idlib A Téhéran, le président Poutine a mis en garde contre tout angélisme vis-à-vis des factions terroristes quelles qu'elles soient et souligné avec force que «le gouvernement syrien a le droit et le devoir de reprendre le contrôle total de son territoire national». La Russie a opéré hier plusieurs raids parmi les plus intenses depuis un mois dans la province d'Idlib, objet du récent sommet de Téhéran où un fragile compromis a été concédé par les alliés du gouvernement syrien, les présidents russe Vladimir Poutine et iranien Hassan Rohani, à leur homologue turc, le président Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier réclamait un statu quo ante, faisant valoir la nécessité d'«éviter un bain de sang» et de permettre à la Turquie de convaincre les groupes rebelles proches de la nécessité d'un accord pour leur évacuation immédiate avant le début de l'offensive de l'armée syrienne. La poire a été coupée en deux, Moscou et Téhéran acceptant de dissuader Damas d'engager l'opération imminente pour la reprise d'Idlib, à charge pour Ankara de réussir son pari auprès des factions extrémistes soucieuses de déposer les armes pour éviter une fin annoncée. Les prochaines 48 heurs vont probablement peser lourd dans la balance des négociations, d'autant qu'à voir la grise mine affichée par le président turc, on se doute aisément de la durée limite que ses deux partenaires du processus d'Astana ont bien voulu lui concéder pour réussir les tractations dont il serait surprenant que les groupes terroristes dominants de Hayat Tahrir al Cham, alias Fateh al Cham, alias al Nosra, branche d'al Qaïda en Syrie, et Ahrar al Cham, proche des monarchies du Golfe, aient maille à composer. Preuve que les propos du président Poutine mettant en garde contre tout angélisme vis-à-vis des factions terroristes quelles qu'elles soient et soulignant avec force «le droit et le devoir du gouvernement syrien à reprendre le contrôle total de son territoire national» devaient être entendus comme il se doit, les raids de l'aviation russe, qualifiés déjà des plus intenses depuis un mois, vont aller crescendo au cours des prochaines 48 heures, voire tout au plus de la semaine en cours. Il s'agit clairement de déblayer le terrain pour l'avancée des troupes au sol, sachant que les groupes terroristes se sont préparés à un siège dont ils pensent qu'il pourrait être de plusieurs mois, bâtissant des fortifications tout le long de la route qui mène vers la ville d'Idlib ainsi que dans la périphérie de celle-ci. C'est ainsi que l'ONG Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basée à Londres, a évoqué une soixantaine de frappes aériennes pour les seules trois dernières heures dans plusieurs localités du sud et du sud-est d'Idlib, soulignant au passage comme elle l'a toujours fait depuis le début du conflit que l'aviation syrienne aurait largué quant à elle des barils d'explosifs sur les mêmes secteurs. En outre, des bombardements à l'artillerie lourde auraient eu lieu contre diverses positions terroristes, les éléments des groupes extrémistes ayant commencé à déserter plusieurs d'entre elles. Depuis l'attaque du 10 août dernier visant la bourgade de Orum al Koubra et ayant fait 53 morts dans les rangs des terroristes de Hayat Tahrir al Cham et Ahrar al Cham, les opérations d'hier sont le prélude évident à une offensive de grande envergure dont le gouvernement syrien d'une part, et le président Bachar al Assad d'autre part, n'ont jamais fait mystère puisqu'en 2017, déjà, ils affirmaient leur détermination à reprendre le moindre pouce du territoire national, y compris les parcelles de Deir Ezzor où subsistent encore les éléments kurdes des YPG soutenus par les quelque centaines de soldats américains. D'ailleurs, il y a eu hier des affrontements meurtriers entre une unité de soldats syriens et des éléments des YPG dans la ville de Qamichli (Nord-Est), selon l'ONG précitée et l'organisation kurde. Les échanges de tirs ont fait 18 morts et de nombreux blessés, selon la milice kurde Assayech et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La première nommée a reconnu que ses membres ont assailli une patrouille militaire syrienne tout en arguant d'une soi-disant riposte à une agression de la patrouille équipée d'armes légères. Pour l'OSDH, les faits se sont déroulés autrement, un des trois véhicules de l'armée syrienne ayant été stoppé par un barrage des YPG et ses occupants sommés de descendre. Devant leur refus, les éléments kurdes ont ouvert le feu sur les soldats entassés dans le véhicule, déclenchant une riposte et des affrontements meurtriers. Le dernier combat entre ces miliciens kurdes et l'armée régulière remontent à avril 2016, là aussi dans un barrage militaire, faisant plusieurs dizaines de morts et de blessés. Voici quelques mois à peine, les YPG avaient tenté un rapprochement avec le gouvernement syrien devant la progression des troupes turques, Ankara les taxant de faction terroriste inféodée au PKK et exigeant leur élimination. Enfin, la Russie a affirmé hier détenir des «preuves irréfutables» selon lesquelles les «rebelles» syriens préparent une «provocation» imminente à Idlib, pour justifier une intervention des trois pays occidentaux. Selon Moscou, des responsables du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, du Parti islamique du Turkestan et des Casques blancs syriens se sont réunis vendredi à Idlib pour «se mettre d'accord sur le scénario de la mise en scène et du tournage de faux incidents avec l'utilisation prétendue de substances toxiques par les forces gouvernementales contre les civils». «Ceux qui doivent prendre part à la mise en scène de la provocation doivent être totalement prêts d'ici au soir du 8 septembre (samedi)», a indiqué, dans un communiqué, le porte-parole de l'armée russe, Igor Konachenkov. «Le signal pour le début de la mise en oeuvre de la provocation par les terroristes dans la région d'Idlib sera un ordre de certains amis'' étrangers de la révolution syrienne», a poursuivi Igor Konashenkov.