Certains délégués estiment qu'il faut rompre un dialogue devenu à leurs yeux inutile. C'est finalement à un consensus minimal qu'avait abouti, hier, le conclave extraordinaire de la coordination intercommunale de Béjaïa. Un consensus difficilement atteint en raison des positions inconciliables des différents délégués sur ce sujet. Convoqué en urgence pour confirmer officiellement et de manière consensuelle la position tranchée pour la rupture du dialogue exprimée individuellement lors du meeting commémoratif de Chemini, les délégués de la Cicb n'ont pas pu se départager sur la question en optant pour le minimum consensuel à savoir la suspension du dialogue et la dissolution de la délégation des vingt. Les partisans et les opposants à la poursuite du processus ont dû batailler des heures durant pour conclure une position médiane évitant ainsi l'éclatement d'une cohésion devenue fragile depuis le discours du président de la République à Constantine. Entre ceux qui considèrent qu' «il n'y a plus rien à espérer de ce dialogue après la position tranchée de Bouteflika sur le statut officiel de tamazight» et ceux qui craignent de perdre «les maigres acquis arrachés au profit de la frange la plus touchée durant les évènements du printemps noir» le fossé n'a pas cessé de s'élargir des heures durant. Afin de ne pas provoquer d'implosion les uns et les autres ont fait, en quelque sorte, des concessions pour partir à l'interwilayas des archs le jeudi avec une position dont l'officialité ne sera connue que le même jour. En attendant, les délégués s'interdisent toute intervention dans la presse pour, dit-on ne pas influencer les délégations des autres wilayas affiliées au mouvement citoyen des Archs de kabylie. Pourtant au cours du meeting populaire ayant succédé au dépôt de gerbes de fleur sur la tombe du martyr Brouk Ghilas, les délégués de la Cicb n'ont pas mâché leurs mots pour souligner l'inutilité de poursuivre le dialogue. A ce titre tous avaient déclaré, pour certains à demi-mots, leur volonté de rompre un dialogue devenu à leurs yeux inutile depuis la dernière déclaration tranchée du président de la République lors de la compagne portant référendum sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Que s'est-il passé alors entre temps pour vivre un conclave aussi difficile que celui d'hier? il est pour l'heure impossible de savoir la réalité mais les discussions de coulisses sont en partie la raison ayant conduit à cette évolution que l'on peut considérer positive pour l'heure. Toujours est-il que la coordination de Béjaïa se prononcera pour la dissolution de la délégation et la suspension temporaire du dialogue jusqu'à nouvel ordre, entendre par là jusqu'à ce que les pouvoirs publics évoluent sur la question de l'officialisation de tamazight. En d'autres termes, la Cicb laisse la voix ouverte au processus du dialogue pour peu que les pouvoirs publics fassent un effort pour lever le doute, si doute il y a, quant aux affirmations du premier magistrat du pays. On sous-entend par ailleurs, que la déclaration du président n'était que circonstancielle et qu'il pourrait dans l'avenir connaître une évolution positive. De chauds débats en perspective lors du conclave interwilayas prévu pour jeudi prochain à El Asnam dans la wilaya de Bouira. C'est d'ailleurs à partir de là que nous connaîtrons officiellement la position du mouvement citoyen sur l'avenir du processus du dialogue. Mais l'esprit de responsabilité et la maturité acquise par de nombreux délégués laissent croire à une position raisonnable qui éviterait le retour des mauvais jours et maintiendrait par conséquent la sérénité retrouvée.