Tournant. «Il importe que cette histoire (coloniale en Algérie, NDLR) soit connue, qu'elle soit regardée avec courage et lucidité» a écrit, jeudi dernier, le président français, Emmanuel Macron, dans sa déclaration sur la mort de Maurice Audin. Il s'agit du mathématicien français et militant anticolonialiste, arrêté le 11 juin 1957 à son domicile à Alger par l'armée française devant sa femme et ses trois enfants. Depuis, il a disparu. Son corps n'a jamais été retrouvé. Sa femme a écrit à tous les présidents français qui se sont succédé depuis la disparition de son mari dans l'espoir de retrouver sa trace. En vain. Jusqu'à jeudi dernier où le président Macron a choisi d'aller chez elle (il aurait pu se contenter d'un communiqué ou de recevoir la veuve au palais de l'Elysée) lui demander «pardon au nom de la République française». Reconnaissant par là «que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l'avaient arrêté à son domicile». La version officielle «servie» à Mme Audin durant tout ce temps soutenait que son mari s'était évadé. Le président Macron a «décidé qu'il était temps que la Nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet» souligne la déclaration. La vérité sur la torture et les disparitions, oeuvres de l'armée française en Algérie. Nous avons la faiblesse de croire que par cet acte concernant uniquement le cas Audin, le président français pense à tous les Algériens torturés par l'armée française avant de les faire disparaître. Même s'il n'était pas né à l'époque, Macron doit certainement connaître l'histoire des «crevettes de Bigeard». Ces suppliciés algériens jetés à la mer depuis des hélicoptères de l'armée française. Ces «crevettes de Bigeard» que n'a pas supportés Paul Teitgen, secrétaire général de la police française d'Alger. Il a préféré démissionner. Pour la seule ville d'Alger, Teitgen «comptabilisa 3 000 Algériens disparus durant les 6 premiers mois de 1957. Macron connaît l'affaire De Bollardière du nom de ce général de brigade français qui a demandé à être relevé de ses responsabilités et qui, pour avoir dénoncé publiquement la pratique de la torture par l'armée française, a été condamné, le 15 avril 1957, à 60 jours d'arrêt de forteresse. N'oublions pas, non plus, que le sinistre Aussaresses (le bourreau de Larbi Ben M'hidi) a reconnu avoir usé et abusé de la torture en Algérie. D'ailleurs, le président Macron le dit clairement dans sa déclaration. «L'approfondissement de ce travail de vérité doit ouvrir la voie à une meilleure compréhension de notre passé, à une plus grande lucidité sur les blessures de notre histoire, et à une volonté nouvelle de réconciliation des mémoires et des peuples français et algérien» précise en guise de conclusion le président de la République française. Ici en Algérie nous n'oublions jamais que le peuple français a dans sa grande majorité toujours été pour l'indépendance de l'Algérie. Au référendum du 8 avril 1962, ils étaient pour à 90,81%. C'était un référendum limité aux seuls Français de l'Hexagone. Cette précision est utile pour mieux comprendre l'histoire!