Même si l'EN venait à gagner cela ne changera rien au fait que notre football est faible. Que reste-t-il à l'équipe nationale de football? Elle était entrée dans ces qualifications à la coupe du monde et à la CAN 2006, le coeur gros comme ça. Un coeur rempli d'espoir et de certitudes pour des Verts dont beaucoup de gens pensaient qu'ils étaient capables d'aller loin. Peut-être pas en phase finale de la coupe du monde du fait qu'il y avait le Nigeria à surmonter mais au moins les croyaient-ils aller en Egypte pour le compte de la CAN, sans avoir à batailler dur. La CAN, c'était comme une simple une formalité pour l'Algérie, pensait-on, puisque notre équipe nationale n'a pas raté ce rendez-vous depuis 1980 au Nigeria, exception faite de 1994 en Tunisie, une compétition pour laquelle elle s'était qualifiée mais par la suite éliminée pour avoir fait jouer un joueur suspendu lors d'un match de qualification (affaire Karouf). Les Verts faisaient partie du lot des favoris avant le démarrage de ces qualifications 2006. Derrière les Nigérians, c'étaient eux que les gens voyaient. Des gens qui avaient simplement négligé le fait que le football algérien ne fait plus peur à personne. Qu'il a tellement dégringolé dans la hiérarchie mondiale, qu'il est devenu quelconque. La faute à qui? La faute à des années d'errements et à une absence totale de politique sportive et footballistique. On a eu 1982 et on a vécu dessus comme si cela était perpétuel sans un effort de notre part. Par effort on entend du travail à tous les échelons, surtout au niveau des clubs que l'on a laissés glisser vers la gestion anarchique et de l'à-peu-près qui veut faire croire que l'on crée des vedettes à partir du néant en matière de formation. Il est incontestable que le grand ratage des pouvoirs publics durant ces dernières décennies a été de n'avoir pas su du tout structurer le socle de la discipline, au socle représenté par les clubs. Le code de l'EPS de 1977 avait apporté la rigueur et les résultats avaient suivi (1982 et 1986, deux qualifications pour le mondial). En 1989, la fin du code de l'EPS avait ouvert une brèche par laquelle s'était engouffrée toute une armada de faux dirigeants de clubs à qui on a donné les pleins pouvoirs et beaucoup d'argent. La décennie noire, celle du terrorisme des années 90, avait incité l'Etat à mettre plus d'argent dans ce sport qui permettait aux gens d'oublier les affres de la terreur. Le contrôle y avait été pratiquement inexistant et les clubs avaient plongé dans la facilité, ignorant presque totalement qu'une génération se perpétue par la relève, donc par la formation. Au lieu de contrôler ces clubs et de les aider à se prendre en charge par la création de centres de regroupement et de formation, on a laissé le bateau chavirer pensant que l'Algérie était capable de sortir des joueurs sur un coup de baguette magique. Résultat des comptes, la génération de footballeurs que nous avons aujourd'hui est la plus faible depuis l'indépendance. Faible parce que insuffisamment formée à la base. Résultat des comptes, également, le Gabon que l'on dominait aisément par le passé en vient à nous donner la leçon chez nous, à Annaba. L'élimination des Verts de la Coupe du monde 2006 avait été signée lors du fameux match aller d'Annaba, lorsque les Gabonais avaient infligé un humiliant 3-0 et à dix Algériens (Cherad avait été exclu) égarés sur le terrain. La suite de la compétition n'a été que la suite logique à cette débâcle et le dernier 5-2 enregistré à Oran face au Nigeria n'à été que l'aboutissement de toutes les erreurs commises durant des années. Aujourd'hui les Verts seront à Libreville pour en finir avec cette terrible épreuve. Ils joueront face aux Gabonais avec l'unique objectif de redresser quelque peu la barre. Le nombre de joueurs émigrés a diminué par rapport aux matches précédents et on voit d'ici ceux qui pourraient sonner les trompettes à la gloire des joueurs locaux si jamais l'EN venait à s'imposer cet après-midi. Une victoire des Verts aujourd'hui ne changera rien au problème: notre football est faible, notre football est malade, nos joueurs sont d'un niveau très bas. On a appris que Hayatou et Hidalgo sont à Alger pour étudier la crise du football algérien et proposer des solutions pour en sortir. Espérons qu'ils rencontreront les bons interlocuteurs.