Devant l'«impossibilité » de trouver un accord final entre les coordinations de wilayas, un autre conclave de l'interwilayas a été tenu cette semaine à Tizi Ouzou. Aucun consensus pour la poursuite ni pour la rupture du dialogue gouvernement-archs n'a été trouvé par les délégués des archs-dialoguistes qui se sont réunis dans la nuit de jeudi à vendredi lors du conclave de l'interwilayas tenu dans la commune d'El Asnam, dans la wilaya de Bouira. Ainsi, devant l'«impossibilité» de trouver un accord final entre les coordinations de wilayas sur la rupture ou la poursuite du dialogue avec les représentants de l'Etat, les participants à ces travaux se sont donné rendez-vous pour un autre conclave de l'interwilayas qui se tiendrait au cours de cette semaine à Tizi Ouzou. En effet, comme cela a été prévu, le point qui a été mis en débat lors de ce conclave, était la poursuite ou la rupture du dialogue, après la fameuse déclaration du chef de l'Etat à partir de la ville du Vieux Rocher, Constantine, à travers laquelle le premier magistrat du pays a tranché «définitivement» le statut officiel de la langue amazighe. Ainsi, si les délégués des wilayas d'Alger, Tizi Ouzou, Boumerdès, Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Batna se sont montrés favorables à la reprise du processus du dialogue avec le chef du gouvernement pour mettre, selon leurs dires, l'Etat devant le fait accompli d'une part, et pour respecter leur engagement vis-à-vis du protocole qui a été signé avec le chef du gouvernement de l'autre, les délégués des wilayas de Bouira et de Béjaïa n'ont pas la même vision des choses. Pour M.Bejou Mohamed, porte-parole de la coordination de Béjaïa, la coordination de cette wilaya n'accordait aucune importance à reprendre pour le moment, le dialogue avec un Etat qui a remis en question un point des plus importants de la plate-forme d'El Kseur, tout en n'excluant pas l'option de revenir un jour sur la table des négociations. «Nous ne sommes pas pour la rupture définitive du dialogue, à moins que l'Etat ne fasse un signe de bonne volonté concernant, bien sûr, l'officialisation de tamazight», nous déclare-t-il. Pour un autre délégué de la même wilaya, leur coordination serait prête à reprendre langue avec l'Etat, mais à condition que le chef de l'Etat fasse publiquement et officiellement une déclaration à travers laquelle il se prononcera sur l'officialisation de tamazight. A propos de ce dernier point, tous les délégués des wilayas présents ont réaffirmé leur détermination à ne pas céder sur la revendication phare de toute la région kabyle en particulier et de tous les Algériens en général, tout en qualifiant les propos du président de la République de «propos provocateurs, pleins de haine et des idées de division». «Aucun animateur du mouvement citoyen ne s'est montré prêt à céder sur la revendication de tamazight. Au contraire, tous les participants au dialogue ont, plus que jamais, montré leur attachement quant à ce point», a déclaré Belaïd Abrika porte-parole du mouvement, qui a considéré que le différend entre les coordinations n'était pas un différend de forme, mais de fond. Autrement dit, Abrika estime que tamazight demeure le mot d'ordre de tous les citoyens, néanmoins reste la manière avec laquelle on pourrait «l'arracher». Concernant les partisans de la poursuite du dialogue, ils voyaient que «rester autour de la table avec le représentant de l'Etat, et de poursuivre le dialogue demeurent le meilleur moyen pour dévoiler les mauvaises intentions du pouvoir». Entre reprendre ou suspendre le dialogue, c'est tout un enjeu politique auquel fait face l'avenir du mouvement citoyen. Suspendre le dialogue c'est tout un processus de neuf mois engagé d'une manière plus encourageante depuis janvier 2005, qui serait mis en cause. C'est-à-dire abandonner le document de la signature de protocole d'accord gouvernement-archs et de redescendre ainsi dans la rue, comme l'a déjà confirmé Abrika qui a déclaré au lendemain de la déclaration de Bouteflika à partir de la capitale de Massinissa que «s'il le faut, nous retournerons dans la rue». Dans ce sens, la question que craignent les délégués dans le cas d'un retour à la rue, est de savoir si cette dernière répondra favorablement à l'appel. L'autre question qui se pose, dans ce contexte, est quel sort sera réservé aux élections partielles provoquées par la fameuse 6e incidence des «indus élus». Sachant bien que la plate-forme d'El Kseur stipule un rejet de toutes les élections jusqu'à ce que cette dernière soit complètement satisfaite. Ainsi, les archs seront amenés à livrer une bataille qu'eux-mêmes ont provoquée. En outre, même si le dialogue est repris, quel sera l'avenir du mouvement, vu la «détermination» de la coordination de Béjaïa et de Bouira à ne pas aller au dialogue sans éclaircissement sur le sujet de tamazight. Interpellé par L'Expression sur ce point, M.Abrika a déclaré que les deux positions, soit la rupture ou la poursuite du dialogue, auront leur impact sur le mouvement. Toutefois, quel impact sur le mouvement? La réponse lors du prochain conclave.