Depuis jeudi, ces embarcations de la mort reprennent le large... C'est l'alerte maximale. Trois embarcations, transportant plusieurs dizaines de candidats à l'émigration clandestine, ont, dans plusieurs opérations distinctes, été interceptées en fin de semaine. La première opération, menée à 6 miles nautiques du rivage de la plage cap Falcon, s'est soldée par l'interception de 20 harraga dont quatre femmes. La seconde est intervenue à 13 miles de la même plage. Les gardes-côtes ont stoppé la tentative de traversée de 11 harraga dont un mineur. La troisième opération, lancée par les éléments de la gendarmerie relevant de la brigade de Boutlélis, a abouti à l'interception de 14 harraga se préparant à braver la mer. À Aïn El Karma, 38 autres harraga, prêts à se jeter à la mer, ont été interceptés par les éléments de la gendarmerie relevant de la brigade de Boutlélis alors qu'ils se cachaient derrière les rochers de la plage de Aïn El Karma, localité située à l'extrême ouest d'Oran en allant vers Tlemcen et Aïn Témouchent. Leurs embarcations ont été saisies. Et ce n'est pas tout. À Aïn Franine, dans la partie est d'Oran, les éléments de la Gendarmerie nationale ont mis fin au projet suicidaire de 28 personnes, dont quatre mineurs, s'apprêtant à se lancer dans l'aventure incertaine, à bord de deux embarcations, dès la tombée de la nuit. Près d'une centaine de candidats ayant réussi la traversée ont été encerclés de toutes parts par la Guardia ibérique dès leur débarquement sur les plages espagnoles. Ils ont été conduits vers le centre de transit pour être expulsés après l'accomplissement des formalités administratives et leur fichage par les services policiers en charge de la lutte contre l'émigration clandestine. Depuis jeudi, des boat people, ces embarcations de la mort reprennent le large. Leurs passagers ne sont autres que des candidats à l'eldorado incertain. Le bilan, qui est lourd, s'alourdit davantage. Dès les premières heures, les gardes-côtes de la façade maritime de l'ouest du pays ont été mis en alerte maximale suite à des informations faisant état de plusieurs embarcations clandestines ayant lâché les amarres pour braver les périls d'une mer très souvent houleuse. Au 31 octobre de l'année dernière, les candidats algériens à l'émigration clandestine, arrivés en Espagne, par la mer, représentaient 17,9% des nouveaux arrivants, légèrement derrière les Marocains se taillant la première place avec un taux de 19,4%. Un chiffre inquiétant, qualifié de phénomène nouveau par les autorités espagnoles, qu'il faut inclure dans le chiffre global donné par le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés: «Depuis le 20 décembre de la même année, 27.253 migrants d'Afrique, ont débarqué sur les côtes espagnoles dont 5995 par les frontières terrestres», autrement dit via le Maroc. Des frontières algéro-marocaines, malgré le fait qu'elles soient dotées de tranchées de 7 mètres de profondeur, creusées il y a trois ans par l'armée algérienne, et un grillage de 2,50 m de hauteur érigé sur le tracé frontalier le territoire marocain, demeurent toutefois un véritable centre de transit. Cette «exaltation» phénoménale met, ces derniers mois, mal à l'aise les autorités européennes, à leur tête les hauts responsables espagnols en charge de sa gestion.