Les Libériens sont appelés à élire un Parlement et un président pour tourner la page d'une guerre qui a ruiné le pays. 1,3 million de Libériens sont appelés à élire aujourd'hui leur Parlement et leur président, pour tourner une page sanglante de l'histoire du pays marquée par deux guerres civiles et, dans la foulée, mettre un terme à une transition de deux ans qui a permis au Liberia de retrouver quelque peu la sérénité. Evidemment, c'est la présidentielle qui focalise le plus l'attention, par la présence, notamment, -parmi les candidats- de l'ancienne gloire du football africain et mondial George Weah, qui aura face à lui une légion d'universitaires bardés de diplômes obtenus, pour la plupart d'entre eux, dans de prestigieuses universités américaines, d'anciens chefs de guerre, d'hommes d'affaires, tous solidement nantis et qui promettent de sortir le Liberia de son effroyable misère. Ils seront de fait 22 candidats à briguer un fauteuil présidentiel qui ne sera pas de tout repos pour son futur occupant. Ce rendez-vous électoral a été rendu possible après l'accord de paix de 2003 auquel sont parvenus les trois factions belligérantes qui se disputaient, par les armes, le pays. Quoique dans l'ombre du scrutin présidentiel, l'élection législative n'en est pas moins importante car, outre le confortement de la stabilité du pays, elle aura à parachever la (re)construction des institutions du pays mises à mal par quinze années de guerre civile. Tout est en effet à construire, ou à reconstruire, dans un pays ruiné par deux guerres civiles qui ont plongé les trois millions de Libériens dans une grande pauvreté, dans un pays où l'eau et l'électricité sont devenues un luxe qui n'est pas à la portée de tous alors que l'illettrisme touche près de 80% de la population. La dotation du pays d'un Parlement et d'un président est une phase clé dans un pays qui s'est engagé sur la voie de la réconciliation nationale, gage d'une paix retrouvée. A charge pour le futur président libérien de concrétiser, sur le terrain, l'espoir qu'induit le vote de la renaissance pour un pays qui a connu de près les affres de l'enfer. Cinq candidats, sur les 22 en lice, sont considérés comme les postulants les plus sérieux et ayant le plus de chances de se voir élire, sinon au soir de ce mardi électoral, du moins lors d'un probable second tour pour succéder au président de transition Gyude Bryant en place depuis 2003. Parmi les cinq, deux fortes personnalités sortent du lot : l'ancien footballeur, George Weah, adulé par les jeunes Libériens, et l'ancienne responsable à la Banque mondiale, Ellen Johnson Sirleaf, en pole position dans les sondages. Trois autres candidats présentent également des atouts leur permettant de mettre les deux favoris sur la défensive. Il s'agit de Roland Massaquoi, candidat du Parti national patriotique, (NPP, de l'ancien président et chef de guerre Charles Taylor, poussé à l'exil par la communauté internationale) qui a pour lui l'expérience des arcanes politiques pour avoir dirigé pendant 15 ans le NPP. Il est diplômé de l'université de Cornell (Etats-Unis). Charles Brumskine, longtemps exilé aux Etats-Unis, est considéré comme le candidat de la diaspora libérienne et est très introduit dans le landernau politique américain. Homme d'affaires et avocat, il est présenté comme pouvant être un interlocuteur des investisseurs (ceux-ci très méfiants restent réticents à investir dans un pays qui ne dispose ni d'industries ni de sociétés à même de relancer son économie) par sa parfaite connaissance institutionnelle du pays et ses dons d'administrateur. Il est le plus cité après Weah et Mme Johnson Sirleaf comme possible vainqueur. Il y a enfin la cinquième grosse pointure qu'est Varney Sherman. Celui-ci, est considéré par les milieux politiques comme étant proche du président de transition sortant, Gyude Bryant. Il est en quelque sorte le candidat du pouvoir actuellement en place par le fait que nombre de membres de son équipe font partie du gouvernement de transition et du fait que son directeur de campagne, Musa Dean, est le directeur de la compagnie pétrolière nationale du Liberia. Comme sa concurrente, Ellen Johnson Sirleaf, Varney Sherman est diplômé de Harvard et est présenté comme le favori des milieux d'affaires et de la communauté libanaise impliquée dans le commerce local. En vérité, George Weah, qui a arrêté très tôt ses études pour se consacrer au football, -qu'il pratiqua dès l'âge de 15 ans-, fait pâle figure face à ces forts en thème, et semble quelque peu handicapé au plan du bagage intellectuel et politique, faiblesse qu'il compense toutefois par un charisme extraordinaire et surtout par l'immense respect que lui voue la jeunesse libérienne qui constitue plus de 60% de la population. Mais quel que soit le vainqueur de ce scrutin présidentiel, le Liberia a grandement besoin d'un dirigeant capable de prendre les décisions adéquates pour sortir le pays de son effroyable pauvreté et pourvoir aux demandes les plus vitales pour dépasser la détresse de la misère et du sous-développement.