Plus de 40 personnes ont été admises à l'hôpital de Kherrata, dans la soirée de samedi, et plus d'une centaine d'autres ont reçu des soins ambulatoires le lendemain, lors du déplacement d'une équipe médicale et de prévention dans le village Lallam, dans la commune de Tamridj, à 70 km de Béjaïa. Jusqu'à hier après-midi, il restait en observation 8 personnes, tandis que les 18 autres ont été libérées dimanche soir, après une surveillance de 24 heures. L'affaire remonte à la journée de samedi, lorsque des commerçants ambulants se sont déplacés dans cette localité montagneuse pour vendre, comme cela est de coutume à chaque Ramadan, des produits alimentaires, dont le kalb ellouz. Mais ce jour-là, ce dernier a subi des dégradations sous l'effet de la chaleur ou bien d'autres raisons inconnues pour l'heure. Beaucoup de citoyens du village Lallam ont profité pour s'approvisionner chez ces commerçants ambulants sans savoir ce qui les attendait, quelques heures plus tard. En effet, après l'adhan, les habitants du village, soit ceux qui s'étaient, quelques heures auparavant, approvisionnés en kalb ellouz, commençaient à souffrir de douleurs abdominales. Très rapidement, les mêmes douleurs sont signalées un peu partout dans le village. Commencèrent alors les évacuations vers les centres de soins les plus proches. Alerté, le secteur sanitaire de Kherrata dépêcha une équipe médicale sur place pour d'abord prendre en charge les malades qui n'ont pas pu être évacués, puis pour tenter de définir les causes de cette intoxication alimentaire. Après vérification d'usage, l'on s'est rendu compte que ce sont toutes les personnes qui ont consommé le kalb ellouz qui ont été intoxiquées. Encore une fois, la période du mois sacré, qui se caractérise par une gourmandise incontrôlable et un excès sans mesure, reste une opportunité pour certains « requins » qui ne se soucient nullement de la santé des gens pour s'adonner à des activités qui leur sont étrangères. L'activité fait des émules. Y a-t-il, en effet, meilleure opportunité que le mois sacré de Ramadan pour changer sa raison sociale contre une autre susceptible de rapporter gros? A Béjaïa, comme un peu partout dans le pays, des commerces (restaurants, librairies, etc.) se mettent au diapason. Des échoppes sont mises à contribution pour abriter cette foire de la nourriture où toute affaire est une aubaine. Pains, gâteaux, confiserie, charcuterie, zlabia et kalb ellouz... sont proposés partout. Bien que la prestation sente l'escroquerie, eu égard aux conditions d'hygiène, la fièvre « acheteuse » du consommateur, qui monte de plusieurs crans à l'occasion de ce mois de jeûne, n'en a cure. Ne demandant qu'à être apaisée, elle met à mal le porte-monnaie et maintenant, elle est source d'intoxication. Chaque Ramadan est une occasion pour les trouvailles, dans la journée ou après la rupture du jeûne, jusqu'à une heure tardive de la nuit. C'est le grand boom des rôtisseries à ciel ouvert qui, l'espace d'un mois, poussent sans ménagement vers la porte de sortie les professionnels du barbecue. A chaque coin, le fumet vous prend à la gorge, chatouille les narines. L'animation culturelle faisant défaut, on se rabat sur la bouffe. La reconversion inopinée de ces commerces s'effectue sous l'oeil permissif de la force publique et sans contrôle des services concernés. C'est cela le véritable drame chez nous. Parce que ce mois est sacré qu'on se permet tout, jusqu'à mettre en danger la vie du consommateur qui devient, à l'occasion, une proie facile. Jusqu'à quand allons-nous fermer les yeux devant ces menaces sur la santé publique ? Faut-il qu'il y ait des morts pour que les pouvoirs publics daignent agir? C'est cela le Ramadan à Béjaïa, et probablement partout dans le pays.