Malgré l'arrêt de l'activité des vétérinaires tant au niveau des abattoirs que des ports, la viande continuait d'envahir les étals. La grève nationale observée par les vétérinaires, et gelée par une décision de justice, a mis à nu les tares du système de contrôle des viandes en Algérie. Malgré l'arrêt de l'activité des vétérinaires tant au niveau des abattoirs que des ports, la viande continuait d'envahir les étals des bouchers, estampillées SVP. Comment? Allez savoir. A Oran où activent près de 500 bouchers, l'astuce a été trouvée la veille du début du mouvement de grève. Certains bouchers du centre-ville ont sollicité les services de ceux qui sont connus dans la région pour être les barons de l'abattage clandestin. Les carcasses de moutons qui étaient d'habitude exposées sur les bords des routes ont brusquement disparu durant les deux jours de grève. Un paradoxe qui s'explique par le fait que toute cette viande est allée s'insérer dans les circuits de vente officielle, sans contrôle. La viande proposée durant ces journées de grève était pourtant estampillée. Elle ne provenait pas de stocks conservés par les bouchers. Elle était fraîche mais présentait la caractéristique de provenir de l'abattage clandestin. Même les containers de produits carnés importés ont pu quitter le port d'Oran sans subir le moindre contrôle durant ces deux journées de grève. Le marché des produits de boucherie à Oran n'est contrôlé par les canaux officiels qu'à un taux minime. Ce sont les circuits informels qui fournissent la grande majorité des besoins du marché local qui est frappé de temps à autre par des scandales comme celui de la viande de mulet qui avait été éventé en 1998 ou encore l'utilisation de colorants impropres à la consommation dans certaines préparations de casher et autres pâtés. Plusieurs sources affirment que l'abattoir municipal est un paravent derrière lequel se cache toute une fange d'intermédiaires qui ont parasité les circuits d'abattage, de contrôle et de distribution. On parle de près de 400 bouchers qui échappent à tout contrôle. Ce chiffre déduit de celui des boucheries recensées à Oran renseigne sur l'étendue du malaise que vit le secteur, un malaise qu'ont tenté de dénoncer les vétérinaires qui ont observé une grève qui n'a finalement servi qu'à livrer totalement le marché aux réseaux mafieux qui contrôlent tout l'abattage clandestin.