C'est ce qu'a révélé, hier, le Dr Kaddour, SG du Syndicat des vétérinaires, qui a soutenu que la viande, disponible actuellement sur le marché, pourrait provenir d'abattoirs clandestins. Hier, le ministère de l'Agriculture a traduit le syndicat en justice après que la chambre administrative des référés s'est déclarée incompétente. Les médecins vétérinaires entament aujourd'hui leur quatrième jour de grève, et la justice n'a pas encore tranché le débrayage. Le ministère de l'agriculture avait, en effet, introduit une requête auprès de la chambre administrative de la cour d'Alger pour “empêcher” la grève de se tenir en invoquant “une volonté de geler l'économie nationale et les conséquences de la grève sur la santé publique”. Peine perdue puisque la chambre administrative des référés de la cour d'Alger s'est déclarée hier incompétente après avoir pris tout le temps nécessaire afin d'étudier le dossier. Une décision qui a permis aux grévistes d'entamer leur mouvement de protestation et de le poursuivre. Le ministère n'aura, désormais, d'autre choix que de saisir d'autres juridictions, et d'ici là, les vétérinaires auront mené leur mouvement jusqu'au bout, en l'occurrence les sept jours décrétés par le syndicat sur consultation de la base. “Au troisième jour de la grève, la mobilisation est toujours de mise sur tout le territoire national, et les autorités elles-mêmes avancent un taux de plus de 95%”, a déclaré hier le Dr Kaddour, SG du Syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l'Administration publique (SNVFAP) qui s'est félicité du verdict de la justice. Il a cependant averti contre les conséquences qui découleront de leur mouvement de protestation sur la santé des consommateurs. “La viande que vous retrouvez sur le marché actuellement n'est pas contrôlée du fait que les abattoirs sont à l'arrêt. Certes, les premiers jours les gens étant avertis de la tenue de la grève ont pris leurs précautions, mais nous commençons à connaître une rupture de stock. Certaines quantités de la viande que nous retrouvons disponible sur le marché proviendraient d'abattoirs clandestins”, a précisé le Dr Kaddour, en insistant sur la menace qui pèse aussi bien sur la santé de l'homme que celle de l'animal à cause de la salmonelle. Il est question aussi de rage, de brucellose et de tuberculose qui ne peuvent être décelées sans le contrôle des vétérinaires. Il ne faut pas perdre de vue que la grève des vétérinaires a lourdement affecté le trafic de la marchandise au niveau des ports et aéroports en générant des pertes considérables, et ce, malgré le service minimum assuré par les vétérinaires. Le danger provient aussi des frontières terrestres qui sont sujettes à un mouvement incontrôlé du cheptel qui nous parvient de nos voisins marocains et tunisiens ainsi qu'aux frontières sud où un cheptel interdit, d'ordinaire, pourrait pénétrer nos terres sans qu'il soit contrôlé. Tout ceci n'est guère rassurant dans la mesure où l'épisode de l'année 2000 est encore présent dans les esprits avec la crise de la fièvre aphteuse. Les médecins vétérinaires, rappelle-t-on, n'abordent pas le chapitre du statut. Ils réclament une revalorisation des salaires de façon à être alignés sur le reste du corps médical et bénéficier des mêmes primes et aussi l'amélioration des conditions de travail. Le ministère de tutelle, qui n'a pas tenté de contacter les grévistes, continue à soutenir que les revendications des vétérinaires sont légitimes, mais que l'augmentation ne relève pas de son ressort. Nabila Saïdoun