Les vétérinaires menacent d'un Ramadan sans viande. Malgré le recours du ministère de l'Agriculture et du Développement rural à la justice, la grève nationale de trois jours, à laquelle a appelé le syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l'administration publique (Snvfap), a été maintenue. La justice, qui devait s'exprimer sur la légalité du débrayage actionné, depuis hier par les vétérinaires, s'est déclarée, cette fois-ci, incompétente dans cette affaire, affirme M.Kaddour Hachimi, secrétaire général du Snvfap, contacté par nos soins. Le département de Saïd Barkat a introduit, mardi et mercredi derniers, des actions au niveau de toutes les wilayas du pays, car le préavis de grève a été déposé localement par les syndicalistes. Seules six wilayas, à savoir Béjaïa, Oran, Tizi Ouzou, Blida, Boumerdès et Mostaganem ont gelé le mouvement de protestation, suite à la décision de justice annoncée en faveur du ministère. Les autres wilayas ont continué le débrayage, notamment à Alger où la justice s'est déclarée également incompétente. Il faut signaler, cependant, que les vétérinaires attendent toujours le verdict de la justice au niveau de certaines wilayas à l'exemple de Annaba, Batna, Sétif, Mila et Souk Ahras où la décision au sujet de cette grève a été ajournée. Toujours est-il, qu'en attendant ce verdict, «cette corporation a maintenu le débrayage et a, dès hier, massivement répondu au mot d'ordre lancé par notre syndicat», déclare M.Hachimi. Ainsi, la décision de justice ne pourra que conforter davantage les médecins vétérinaires et les motiver, encore plus à aller de l'avant, jusqu'à satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles. L'air confiant, notre interlocuteur indique que la mobilisation des vétérinaires était totale, nonobstant le service minimum assuré. Le taux de suivi du mouvement de grève dépasse, selon lui, les 97%. «Peu-importe la décision de la justice. Le plus important, pour nous, est que le ministère ait encore une fois perdu face à notre syndicat et qu'il réalise enfin que notre organisation est solidaire avec la base», a assuré, M.Hachimi. De ce fait, la denrée animale sur les étals ne subira pas de contrôle vétérinaire durant ces trois jours. Le syndicat est allé plus loin en menaçant de «radicaliser» son mouvement si cette situation venait à perdurer. Pour mieux étayer ses dires, il évoque le mois sacré de Ramadan. La corporation des vétérinaires recourra au boycott des produits carnés. Une menace qu'il invite à prendre au sérieux: «Nous avons choisi ce mois car c'est la période où notre métier est le plus sollicité. Cela étant, les viandes ne seront pas contrôlées pendant ce mois. Les Algériens risqueront ainsi de faire un carême en blanc», lance M.Hachimi. Le département de Saïd Barkat devrait donc agir vite et chercher d'autres méthodes pour régler ce conflit en favorisant plutôt le dialogue au lieu de recourir systématiquement à la justice, qui ne lui a pas donné totalement raison. Il faut souligner que les grévistes réclament essentiellement une révision à la hausse des indemnités et non pas seulement la hausse des salaires. A ce titre, le premier responsable du secteur, tout en reconnaissant la légitimité des doléances des 1400 vétérinaires, avait précisé qu'ils sont soumis à la réglementation qui régit la Fonction publique. Le ministre avait rappelé que le régime indemnitaire est également adossé à la Fonction publique. Ainsi, le gouvernement est également interpellé pour prendre ces indemnités en considération dans le cadre de ce dossier, déjà examiné en Conseil du gouvernement. Pour rappel, le Snvfap avait appelé à une grève nationale les 27, 28 et 29 mai dernier. Un mouvement gelé suite à la décision de la chambre administrative de la Cour d'Alger, saisie par la tutelle. Le syndicat avait également décrété une grève d'une semaine le 4 février 2006. Le tribunal d'Alger, saisi à propos de ce débrayage en référé par le ministère de l'Agriculture, s'était déclaré incompétent dans l'affaire.