La révolte du 5 Octobre est incontestablement l'étape majeure, parmi les plus douloureuses, qui a mis l'Algérie sur les rails de la démocratie. Le 5 Octobre: une révolution qui ne dit pas son nom. Ceux qui ont géré les affaires du pays à l'époque ont réprimé dans le sang des revendications légitimes d'une génération née après l'indépendance, qui n'aspirait qu'à plus de liberté, confisquée. Celle arrachée par une autre génération fabuleuse et exceptionnelle, des femmes et des hommes qui n'ont pas hésité à donner leur vie pour conduire le pays à rompre les chaînes d'un colonialisme qui n'a pas fait de quartier. La révolte du 5 Octobre est incontestablement l'étape majeure, parmi les plus douloureuses, qui a mis l'Algérie sur les rails de la démocratie. Pour parfaire un idéal au goût d'inachevé. Dans la douleur, le martyre. Comme si c'était inscrit dans le destin, la trajectoire de ce pays qui doit à chaque fois en payer le prix fort pour sortir de l'ombre à la lumière. De la chape de plomb à la liberté d'expression. Du rêve à la réalité. La colère, la révolte se sont mis en branle pour crier à l'injustice. C'est en tous cas un des mécanismes qu'un peuple indomptable trop longtemps bâillonné, met en branle lorsqu'il se sent étouffer. C'est le parfum d'Octobre 1988. Celui qui a permis de réduire la hogra. Celui qui a permis d'éradiquer la torture. A débattre, à respecter le point de vue de l'Autre...Une révolution culturelle, des moeurs qui allaient entraîner dans son sillage la liberté de la presse, casser le monopole de l'information, de la communication chasse gardée d'un parti unique qui allait finir par être happé sans crier gare par cette vague, ce tsunami qui allait donner un tournant décisif à un pays sclérosé par près de 30 années d'un règne sans partage. Le paysage politique allait s'enrichir de plusieurs formations politiques nouvelles et permettre au plus vieux parti d'opposition, le Front des forces socialistes, de sortir de l'ombre, de la clandestinité. Dans la foulée, son charismatique leader, Hocine Ait Ahmed va fouler cette terre qui l'a vu naître après plus de 20 années d'exil. La nouvelle Constitution de 1989 va leur permettre d'activer au grand jour. Une période romantique qui a permis de voir l'avenir autrement. Le rêve était permis, mais il ne durera pas longtemps. Cette dynamique sera brisée par une mouvance islamiste qui s'est engouffrée dans cette porte grande ouverte pour instaurer son projet de société aux antipodes des aspirations, des revendications de justice sociale, de liberté d'expression, de respect des droits humains tout simplement. C'est dans ce sillage que l'Algérie sombrera à nouveau dans la violence. Une violence inégalée, destructrice, ravageuse et sanglante, instaurée par une mouvance islamiste armée pressée d'en découdre pour raser la République, étouffer dans l'oeuf cette démocratie naissante actionnée par les événements du 5 Octobre 1988. Elle accouchera de ce que l'on qualifie de «décennie noire» qui se soldera par quelque 200 000 morts. Une lutte sans merci sera livrée à ce terrorisme sauvage pour aboutir à ce qu'est l'Algérie d'aujourd'hui. Une Algérie qui a pansé ses blessures grâce à une Réconciliation nationale, oeuvre majeure du Président Abdelaziz Bouteflika. Une Algérie qui s'est aussi réappropriée son identité émiettée grâce à la décision historique du chef de l'Etat d'officialiser la langue amazighe désormais institutionnalisée langue nationale officielle et aussi d'avoir décrété Yennayer, le Nouvel An berbère, fête nationale. Le 5 Octobre avait creusé le sillon...