Le premier pas de Naguib Sawiris dans le secteur des télécoms a eu lieu dans son propre pays, en Egypte. L'une des plus éclatantes réussites économiques en Algérie est au centre d'une polémique dont les méfaits risquent d'être catastrophiques pour l'image de l'Algérie auprès des partenaires étrangers. Cela dit, le groupe Orascom en a vu d'autres depuis son installation en Algérie. Et pour cause, au lendemain de l'attribution de la deuxième licence GSM, le groupe est victime d'un tir groupé et d'une véritable campagne d'intox. Mais le géant arabe des télécoms a réussi à surmonter toutes les difficultés pour s'imposer comme celui qui a démocratisé le mobile en Algérie. Rien que pour cette action, dont la dimension sociale et historique est certaine, Orascom Télécom Algérie s'est définitivement installé dans la mémoire collective des Algériens. Entre l'Algérie et Orascom il y a une relation de symbiose. Chacun est redevable à l'autre. Le pays, parce que grâce à Djezzy, a eu accès à un produit de consommation indispensable et l'opérateur égyptien, a pris une dimension internationale après son entrée sur le marché algérien. Peu connu en Occident jusqu'au début du troisième millénaire, le groupe Orascom Télécom Holding (OTH) ne cesse en effet de faire parler de lui, depuis son succès en Algérie. C'est en véritable géant qu'il a conclu en juin dernier, avec l'opérateur italien, Wind, un contrat d'une valeur de 12,14 milliards d'euros. Mais avant d'en arriver à concurrencer les majors de la téléphonie mobile sur leur propre terrain, OTH a réussi le pari de démocratiser le portable dans l'hémisphère sud de la planète. Le premier pas de Naguib Sawiris dans un secteur, réputé comme domaine réservé des grandes compagnies occidentales, a eu lieu dans son propre pays, en Egypte. Il fonde en 1997 Mobinil, première filiale de OTH. En quelques années, l'opérateur parvient à imposer sa marque dans le paysage des télécommunications grand public en Egypte, en s'appropriant 53% du marché de la téléphonie mobile dans ce pays. Les perspectives de croissance sont très intéressantes et Mobinil fait un bond annuel de 34%. 2 ans après le lancement de Mobinil, en 1999, OTH crée sa première filiale hors Egypte. Destination la Jordanie où le groupe investit dans Fastlink, premier réseau mobile jordanien. Il s'en est suivi ensuite, une implantation au Pakistan, un gros marché de 151 millions d'habitants. En 2001, le groupe Orascom entame sa plus belle aventure dans l'axe de la téléphonie mobile. Il soumissionne pour la deuxième licence algérienne en mettant sur la balance 737 millions de dollars. Une mise qui dépasse de loin son principal concurrent, France Télécom qui, ne voyant vraisemblablement pas le potentiel du marché algérien, a proposé 422 millions de dollars. Une année plus tard, il décroche la seconde licence tunisienne de téléphonie mobile. Vers la fin de l'année 2002, grâce à une gymnastique financière, faite de cession d'une partie de ses actifs dans sa filiale tunisienne et l'abandon de quelques licences en Afrique, OTH rééquilibre ses comptes et dégage même un bénéfice de 178 millions de dollars pour ce qui concerne l'exercice 2002. Il est à souligner que dans cette période, OTH mise sur son investissement en Algérie. Djezzy venait de prendre sa vitesse de croisière et c'est vers la mi-2002 que la carte prépayée est lancée. Le succès ne tarde pas et offre à l'opérateur égyptien une opportunité en or. Actuellement, Djezzy est la filiale la plus rentable du groupe Orascom Télecom Holding. Et c'est fort de cette expérience plus que concluante que OTH poursuit son plan d'expansion au sein des marchés dits émergents. En décembre 2003, le groupe s'installe en Irak et parvient à mettre en service un réseau mobile avec près de 600.000 abonnés. Les pays du Sud conquis, le groupe égyptien n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. Et pour preuve, il vient de prendre le contrôle de Wind, troisième opérateur de téléphonie mobile d'Italie. Weather Investments, dirigé par Naguib Sawiris paiera le prix fort : 12,14 milliards d´euros, dont 7,4 milliards de reprise de dette. Wind compte 12,6 millions de clients. Avec l´apport de Wind, Orascom pourra revendiquer un portefeuille de 30 millions d´abonnés. Cela dit, ce groupe n'est pas seulement présent dans le secteur de la téléphonie mobile, mais il est également fortement implanté dans le domaine de la construction (OCI) et de l'hôtellerie (OHD). Fondé par Onis Sawiris, 74 ans, l'empire Orasom a vu le jour en 1950 à travers la création d'une société de construction. Nationalisé par Gamal Abdel Nasser en 1960, le patriarche s'est réfugié en Libye avant de réintégrer son pays en 1972. Depuis, Onis Sawaris, épaulé par ses trois fils est allé de succès en succès, jusqu'à la cotation en Bourse du groupe Orascom, figurant parmi les 28 plus grosses sociétés d'Egypte. Le groupe pèse pas moins de 12 milliards de dollars. Sa seule branche télécommunications est lourde de 8 milliards de dollars. Et c'est toute cette force de frappe économique et financière qui voit en l'Algérie, un terrain d'investissement porteur. Déjà très présent dans le domaine de la construction via la cimenterie de M'sila, l'une des plus importantes du pays, le groupe Orascom a vraisemblablement l'intention de multiplier les investissements en Algérie. Il s'intéresse, à cet effet, à des domaines aussi variés que le bâtiment, l'hôtellerie ou encore l'audiovisuel. C'est dire donc que l'Algérie, après avoir démontré toute sa capacité à être une terre fertile en termes d'affaires, constituera dans les années à venir, une destination stratégique de la «galaxie» Orascom.