Une entreprise des plus performantes de l'économie nationale. La Socothyd est une entreprise publique employant 686 travailleurs et dont les produits essentiellement parapharmaceutiques et d'hygiène corporelle, fabriqués respectivement au niveau de l'unité principale des Issers et l'unité de Bordj Ménaïel, couvrent les besoins de la quasi-totalité des hôpitaux et officines à travers le territoire national, voire même exportés vers quelques pays africains. En somme, une entreprise des plus performantes de l'économie nationale, en bonne santé économique et financière, avec une acquisition des certifications ISO 9001-2001, la 43 485 concernant les dispositifs médicaux, et le cercle 12 étoiles lui permettant de répondre aux normes de l'UE, mais qui se trouve malheureusement confrontée à de multiples problèmes. Ainsi, avant que le conflit autour de la privatisation de l'entreprise ne fasse son apparition, un bras de fer persistant entre la section syndicale et l'union locale de l'Ugta, caractérisé, faut-il le souligner, par un conflit interne, avait secoué et marqué l'entreprise tout le long de l'été dernier, en raison des décisions de suspension de l'organique du conseil syndical, suivi du gel des activités puis de la dissolution pure et simple de la section syndicale, prises par l'union locale de l'Ugta. Toutefois, en toutes circonstances, le collectif des travailleurs n'avait pas manqué de réagir par maints préavis de grève et d'observer pas moins de six débrayages. Actuellement, la nouvelle problématique générée par le processus de privatisation, si elle semble déclasser le premier conflit, elle ne l'avait pas effacé pour autant. Quand on apprend que l'entreprise demeure toujours sans section syndicale, nonobstant le fait que le conseil de participation élu dernièrement, se compose des responsables de l'ex-section syndicale suspendue. Récemment encore, dans un rebondissement qui s'inscrit en porte-à-faux avec la privatisation de l'entreprise, soit la semaine dernière, le collectif des travailleurs est monté au créneau en observant un arrêt de travail de deux heures pour revendiquer l'augmentation des salaires et dénoncer par là même le manque de transparence émaillant l'opération de privatisation, car de l'avis des représentants des travailleurs, «l'opération évolue depuis le début dans un climat très opaque» avant d'ajouter que «les travailleurs ne sauraient accepter que les actifs de l'entreprise soient cédés à n'importe qui et n'importe comment». Au demeurant, cette ébullition s'expliquerait selon un cadre de l'entreprise par le fait qu'à l'appel d'offres national et international, lancé par la SGP chimie et pharmacie, en juillet dernier concernant la privatisation d'un lot de 13 entreprises dont la Socothyd, seules deux modestes entreprises dont le capital social de chacune ne dépasse pas 22.000.000 DA, à savoir Dekorex (Rouiba) fabriquant des coton-tiges, et le groupe Faderko/Nutrifa, fabriquant des tapisseries, avaient soumissionné. Ces repreneurs avaient par ailleurs fait des offres techniques et administratives, ayant été jugé par le Gephac conformes au cahier des charges et présentant des garanties de maintien de l'emploi, la création de 200 autres postes et un programme de 70 milliards d'investissement. Cependant, l'offre financière, pour laquelle les négociations ont été menées par la SGP Gephac avec les deux soumissionnaires et qui est de 20 milliards de centimes pour la première et 25 milliards de centimes pour la deuxième, constitue la pierre d'achoppement. Car, selon nos interlocuteurs, ces offres sont dérisoires, d'autant plus que le capital social de l'entreprise dépasse les 55 milliards de centimes. Sa valeur est estimée à 175 milliards centimes et le chiffre d'affaires de l'année 2004 est de 130.000.000 DA, avec en prime un patrimoine foncier de 571.200 m² dont 26.800 m² bâtis. En plus des stocks évalués à 60 milliards de centimes, des créances récupérables évaluées à 70 milliards de centimes. Enfin, les travailleurs espèrent que le CPE exigera de revoir la démarche avant de prononcer sa décision.