Pour la première fois, les syndicalistes de cette entreprise expriment leur opposition à la privatisation et demandent au président de la République et au chef du gouvernement d'intervenir pour “le maintien de Socothyd dans le giron des entreprises publiques incessibles”. Dans un document transmis à la présidence de la République et au secrétaire général de l'UGTA, M. Abdelmadjid Sidi-Saïd, le conseil syndical de Socothyd considère que l'entreprise représente un atout stratégique pour la santé de la population, compte tenu du rôle qu'elle joue actuellement puisque, affirment les syndicalistes, elle est la seule à alimenter les hôpitaux du territoire national en produits d'hygiène et parapharmaceutiques. “Le conseil syndical demande que Socothyd reste la propriété de l'Etat en raison de son caractère stratégique pour ses missions d'approvisionnement de l'ensemble des hôpitaux civils et militaires”, lit-on dans le document. L'appel des syndicalistes est relayé par l'union de wilaya de Boumerdès qui juge l'opération de privatisation de Socothyd “inopportune et malvenue”. Dans une lettre adressée à Sidi-Saïd, l'union de wilaya demande plutôt “le renforcement de Socothyd qui est performante à plus d'un égard et doit rester propriété de l'Etat compte tenu de son caractère stratégique pour la santé de la population”. Le document s'en prend, par ailleurs, au président de la Société de gestion de participation (SGP) Gephac l'accusant “d'avoir exercé des pressions sur les deux administrateurs représentant les travailleurs pour les amener à bénir une démarche obscure de privatisation de Socothyd qui a été menée en exclusion des représentants”. On reproche au premier responsable de la SGP de ne pas avoir porté à la connaissance du partenaire social la dernière offre financière revue à la hausse de SNC BPL/ENH Doudah, seul candidat à l'achat de l'entreprise. Par ailleurs, d'autres cadres de l'entreprise sont sortis de leur réserve pour affirmer leur opposition à la cession de l'entreprise dans les conditions actuelles. Ces travailleurs qui ont tenu à souligner “avoir du respect pour l'entreprise Doudah ou toute autre entreprise, se sont demandé pourquoi la SGP a rejeté la décision du commissaire au compte et celle du conseil administratif qui ont recommandé par écrit la réévaluation du capital social de Socothyd pour qu'il soit porté à 2,1 milliards de DA au lieu qu'il reste figé à 540 millions de DA”, précisent-ils. Une recommandation prévue, selon eux, par le décret n° 07-210 du 7.04.2007 fixant les conditions de réévaluation des immobilisations corporelles amortissables et non amortissables figurant au bilan clos au 31.12.2006 des entreprises et organismes régis par le droit commercial. Ainsi, selon un cadre de l'entreprise, si Socothyd se vend avec le capital social non évalué, cela veut dire que l'acquéreur va gagner un miliard de dinars de bénéfice dès la signature de la cession et sans rien toucher, souligne-t-il. Ainsi la sortie des syndicalistes intervient à quelques jours seulement de la réunion du CPE (Conseil de participation d'Etat) qui va examiner encore une fois le dossier de privatisation de Socothyd. Pour rappel, le CPE avait, lors de sa résolution datée du 24.11.2007, mandaté la SGP Gephac de poursuivre les négociations avec les soumissionnaires retenus, en l'occurrence l'entreprise algérienne SNC BPI/ENH Doudah en vue d'une cession totale de l'EPE Socothyd mais en exigeant de cette entreprise “d'intégrer la société jordanienne VAPCO ltd pour cette acquisition”. Le CPE a également demandé “l'amélioration de l'offre financière pour l'acquisition de Socothyd”, alors que de son côté le conseil d'administration de l'entreprise, lors de sa dernière réunion tenue le 7 avril 2008, avait approuvé “la cession de l'entreprise Socothyd pour un montant qui ne saurait être inférieur à l'actif net de l'entreprise”. Interrogé sur ce problème, M. Mustapha Achaïbou, P-DG de Socothyd, qui nous a bien reçus dans son bureau, s'est abstenu de toute déclaration. Il a tenu seulement à préciser que “le dossier a été finalisé par la société de gestion de participation Gephac et sera transmis au CPE”. M. T.