Kaddour M'Hamsadji, notre ami, âgé de 85 ans, et un des doyens de nos écrivains, fait paraître à l'Office des Publications Universitaires (OPU), un nouvel ouvrage littéraire. Ce titre, réunissant des «textes autonomes» s'explique par ce que notre auteur écrit dans ce qu'il désigne par «Commencement...», genre d'avant-propos au corpus: «Si vive qu'elle était pourtant, ma mère, une fois, arrivée à un certain âge, me disait souvent d'une voix paisible de sainte: «Que mon apparence actuelle ne te trompe pas, mon fils chéri, car je suis comme le soleil en fin de journée...» Bientôt, au fil des ans, j'apprenais à m'assimiler son subtil message. En effet, jour après jour, je me mettais à observer Yammâ (1) et je me persuadais qu'elle avait totalement raison, puisque ce qui m'avait été enseigné la veille, je le comprenais le lendemain. Aujourd'hui, à l'âge que j'ai, c'est mon tour de constater que je suis comme le soleil en fin de journée... Ainsi, découvrira-t-on que les textes qui suivent sont des souvenirs anciens qui émergent spontanément dans ma mémoire, au reste, fortement nostalgique. Ils ont été écrits à différentes époques et la plupart ont été publiés dans des pages culturelles de la presse algérienne et quelques-uns dans des revues de pays étrangers, et même là où ils ont été conçus. Dans ma vie d'aujourd'hui, ils me font l'effet de tenir, quelque peu, de mon soleil à moi en fin de journée. Pour la présente publication, ces textes ont été naturellement revus, corrigés et augmentés, tout en conservant la fraîcheur de la spontanéité de leur création et, tout particulièrement, la qualité de la primauté ontologique de l'esprit dont relève leur existence. Ces textes, d'inégale longueur, apparemment sans lien direct, doivent donc être considérés comme autonomes. Ils appartiennent à tel genre littéraire libre, s'il en est, de toute contrainte académique et loin de toute compromission sauvage, sauf que chaque texte conserve ici, à l'évidence, son unité et son autonomie lesquelles, au vrai, elles seules, lui donnent du sens. Néanmoins, j'aimerais bien que le lecteur, attentif et perspicace, se laisse convaincre par le fil, si fin soit-il, qui rapproche les textes par l'idée générale - Chems el-achiya - qu'ils développent ensemble et qu'ils tentent de traiter sous des formes et des expressions diverses. Chacun d'eux ne serait alors pas trop éloigné du genre littéraire appelé «Nouvelle» dont on sait les caractéristiques et les exigences de son écriture. Afin d'aider le lecteur non averti à se rapprocher d'une prononciation, quelque peu appropriée, des termes arabes, il a été tenu compte, autant que possible, des habitudes de transcription commune provoquées par l'administration coloniale et du fait que les phonèmes o, é et è, en arabe, n'existent pas. Cependant, beaucoup d'autres mots ont été revus et corrigés en passant par une indispensable translittération qui, quoique approximative et pas toujours suivie, aide à reproduire, sans trop s'en éloigner, les sons souhaités. On voudra bien imaginer la difficulté de fixer ici telle prononciation exacte en dehors d'un système scientifique de transcription et comprendre que cela, même limité à quelques termes, représenterait une tâche considérable. Aussi le choix est-il fait de ne pas désorienter ceux qui ne lisent pas l'arabe; il faut plutôt essayer de leur donner l'écho, et fût-il lointain, correspondant à des sons qui doivent être prononcés convenablement. Voici donc réunis, sous la même couverture, ces textes autonomes évocateurs de vies dans le temps où le Soleil s'était levé d'un horizon pour parcourir, tout en l'éclairant, son long chemin figuré dans le grand ciel - ce Ciel qui donne et qui retient. Puis, arrivé au terme de sa destinée, il se couche pieusement derrière l'horizon opposé qui, au fort de son humilité, se voile d'une nuit noire et profonde... Quoi qu'il en soit, «Le Soleil en fin de journée» est indubitable chaque jour que Dieu fait.» Cet ouvrage, Le Soleil en fin de journée, très attendu par ses nombreux lecteurs, Kaddour M'Hamsadji, comme à son habitude, nous fait découvrir ou redécouvrir des personnages héroïques et parfaitement humains tout à la dimension des situations et des actes modestes ou historiques qu'ils ont accomplis au quotidien; ainsi les découvre-t-on, par exemple, dans les titres Avant la fin du jour; L'Attente; Atallah ou Dieudonné; À Celle qui n'en a jamais rien su; Les Mouettes de l'éternité; La Neige humaine; Deux Grains de sable brillants; Ma Raison de vivre; Le Mendiant d'El Qaçba...et en postface en hommage à Kaddour M'Hamsadji, des textes de Yasmina Khadra, Anys Mezzaour et Lounis Ait Aoudia, président de l'Association des Amis de la rampe Louni Arezki, Casbah-Alger. 1. En arabe parlé algérois, littéral. «Ô ma mère!»; dans certaines régions d'Algérie, «Mmâ», tout court, sans le vocatif.