«Un gouvernement responsable doit ordonner l'arrêt d'un processus dont il reconnaît les dangers.» «Réagissez Messieurs!». Courroucée, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune a interpellé le président de la République et le chef du gouvernement pour qu'ils réagissent aux «déclarations graves» de la délégation du Fonds monétaire international (FMI) à Alger. «Que signifie le silence du chef du gouvernement et du président de la République face aux propos racistes de la délégation du FMI?», s'est interrogée Mme Hanoune lors d'une conférence de presse qu'elle a organisée hier, au siège de son parti à El Harrach (Alger). «C'est une question de souveraineté nationale, la réaction du ministre du Travail ne suffit pas.» Des experts du FMI ont séjourné à Alger depuis le 1er octobre pour conduire les discussions annuelles sur le cadre macroéconomique en Algérie. «Nous ne sommes pas contre le principe d'augmenter les salaires, mais nous recommandons de lier le taux de toute augmentation avec le taux de croissance de la production hors hydrocarbures» , a déclaré M.de Vrijer, un expert du FMI, dans une conférence de presse à Alger. Cette déclaration jugée «extrêmement grave» par le Parti des travailleurs, a fait sortir Louisa Hanoune de ses gonds. «Le président et le chef du gouvernement martelaient durant la campagne électorale que la solution à la crise consacre en premier lieu la souveraineté nationale. Mais alors dans ce cas, que fait une délégation du FMI en Algérie en ce moment précis à la veille du débat sur la loi de finances. Qui l'a invitée?», s'est interrogée Mme Hanoune qui a retrouvé sa verve de syndicaliste intraitable. «Ce sont des propos racistes. C'est une ingérence dans nos affaires et dans la gestion de nos richesses nationales», dit-elle insurgée. Plus révoltée, elle ajoute «c'est extrêmement grave comme déclaration. C'est exactement la même déclaration que celle du secrétaire d'Etat américain en janvier 2004 à propos de la crise de Kabylie». Désappointée par la situation sociale et économique que vit le pays, Mme Hanoune, n'a pas épargné les responsables du pays notamment le chef du gouvernement qui s'obstinent à poursuivre la politique des privatisations. «Depuis quelques semaines, nous entendons des déclarations très inquiétantes que nous réprouvons de certains ministres et du chef du gouvernement», a déclaré la conférencière qui fait remarquer que la société algérienne vit «dans un état de décadence épouvantable». Elle s'interroge: «Pourquoi l'accord d'association est-il appliqué en septembre alors que le chef du gouvernement en reconnaît les effets dommageables pour l'économie nationale». Plus agressive, la secrétaire générale du Parti des travailleurs martèle: «Un gouvernement responsable doit ordonner l'arrêt d'un processus dont il reconnaît les dangers.» Pour Mme Hanoune, la politique économique du gouvernement mène droit vers le chaos et le séisme social. Pourtant, les responsables sont bien au courant de cette détresse et cette misère. «La majorité des ministres que j'ai rencontrés lors de la campagne électorale m'ont fait part de leur crainte sur l'état de détresse qui sévit dans le pays, à chaque déplacement ils reviennent avec des dizaines de kilos de courrier de détresse de citoyens», a confié Louisa Hanoune qui a fortement revendiqué l'arrêt du rouleau compresseur.