Elle interpelle le chef de l'Etat en vue de légiférer par ordonnance, à ce sujet. «Il y a un bicéphalisme dans la direction du pays», c'est en ces termes lourds de sens que Mme Louisa Hanoune a qualifié le fonctionnement actuel des institutions de l'Etat en charge de l'application de la politique économique et industrielle du pays, lors de la conférence de presse qu'elle a animée, hier, à l'issue des deux jours des travaux du comité central du Parti des travailleurs, réuni en session extraordinaire à Zéralda. Louisa Hanoune a mis l'accent sur cette contradiction flagrante qui se dégage de la démarche du gouvernement qui propose une nouvelle politique industrielle, soit une nouvelle stratégie, au moment même où l'un de ses ministres, Hamid Temmar, continue d'appliquer le programme de privatisation, comme stipulé dans l'accord signé avec l'Union européenne. Le paradoxe fait que c'est le même ministre qui propose cette nouvelle stratégie. Des divergences sont apparues, d'après la secrétaire générale du PT, entre différents départements ministériels en exercice actuellement, alors qu'il revient à l'Etat de prendre une telle initiative. «C'est l'Etat qui doit déterminer la nouvelle politique économique et industrielle du pays et non pas un ministre», a-t-elle relevé pour signifier clairement qu'elle refuse de voir les acteurs acharnés de la politique de privatisation outrancière, chargés de mettre en pratique une nouvelle politique économique. Elle demande même que le ministère de Hamid Temmar soit dissous, tout comme les SGP, pour demander au gouvernement actuel d'adopter la proposition faite par l'Ugta, qu'elle soutient d'ailleurs, de débloquer une enveloppe de 5,5 milliards pour relancer la production nationale et récupérer les 600.000 emplois perdus. Louisa Hanoune propose même à l'Assemblée populaire nationale, qui s'apprête à clore son mandat, de rectifier le tir pour annuler toutes les lois qui ont porté atteinte à l'économie nationale. La loi de privatisation adoptée par le CNT en 1995, a montré ses limites et ses dangers, et il est temps, dit-elle, de l'annuler, d'autant plus qu'elle a été votée par une assemblée illégitime. A ce sujet, elle interpelle le président de la République pour user de ses prérogatives et légiférer par ordonnance pour faire de même et montrer sa bonne volonté pour rectifier le tir. Louisa Hanoune reclame, aussi, l'établissement d'un bilan du gouvernement pour déterminer les responsabilités de chacun dans le chaos qu'a connu l'économie nationale, en qualifiant l'attitude actuelle du gouvernement de «politique du fait accompli». Louisa Hanoune annonce que son parti va continuer sa campagne de mobilisation du peuple pour mettre fin à cette politique de privatisation qui se manifeste aussi par la politique de gestion par concession et par la sous-traitance, et exiger qu'une politique de «renationalisation» soit adoptée. La politique du chaos n'est pas irréversible à ses yeux, et il suffit d'une volonté politique pour changer le cours des événements comme c'est le cas au Venezuela où Hugo Chavez a remis l'économie nationale sur les rails grâce à la renationalisation des richesses nationales. Au sujet du procès actuellement en cours au tribunal de Blida, l'affaire Khalifa, elle dira que le scandale était prévisible. «Le procès Khalifa est la boîte de Pandore», dit-elle. Au sujet des prochaines élections, Louisa Hanoune se dit satisfaite de la mobilisation de sa base militante qui s'est structurée à 70% sur l'ensemble des communes du pays, en relevant qu'il y a une poussée d'adhésion de nouveaux militants. «Nous donnons des garanties au peuple, alors que certains donnent des garanties à l'étranger.» C'est là où réside, à ses yeux, toute la différence, en insistant sur le déroulement des élections, qui doivent être un moyen de faire entendre la volonté populaire.