Malgré une campagne qui a démarré tardivement, Fernando Haddad a rattrapé l'écart Les deux derniers sondages divulgués la veille du scrutin ont crédité Jair Bolsonaro, du Parti social libéral (PSL, extrême droite), de 54 et 55% des intentions de vote tandis que Fernando Haddad, du Parti des travailleurs (PT) de l'ex-président Lula, ne dépassait guère 46 ou 45%. Le Brésil a voté hier lors du deuxième tour de la présidentielle qui peut faire basculer la première puissance d'Amérique latine dans l'escarcelle de l'extrême droite si le favori, Jair Bolsonaro, l'emporte sur son adversaire de gauche Fernando Haddad. Après le scrutin du 7 octobre qui a vu Bolsonaro rater de peu un triomphe dès le premier tour (46% des suffrages) après avoir longtemps fait figure de polichinelle, ce sont quelque 147 millions d'électeurs qui ont repris le chemin des isoloirs pour confirmer le résultat que tous les instituts de sondage ont annoncé par avance. La campagne de l'entre-deux tours aura été à l'image de la précédente, c'est-à-dire empreinte de discours haineux, de menaces explicites et d'un climat particulièrement inquiétant qu'a aggravé l'absence de débat entre les deux candidats, de sorte que les électeurs brésiliens ont été ballotés entre les extrêmes. Les deux derniers sondages divulgués la veille du scrutin ont crédité Jair Bolsonaro, du Parti social libéral (PSL, extrême droite), de 54 et 55% des intentions de vote tandis que Fernando Haddad, du Parti des travailleurs (PT) de l'ex-président Lula, ne dépassait guère 46 ou 45%. Autant dire que ses partisans ont ressenti une douche froide mais conservent néanmoins l'espoir fou d'un retournement de situation qui viendrait infirmer ces pronostics. Cette aspiration était motivée par le fait que l'écart entre les deux hommes qui vont succéder au conservateur Michel Temer est passé de 18 points à la mi-octobre à 8 à 10% à la veille du scrutin. La remontée de Fernando Haddad, parti au tout dernier moment dans la course après que la candidature très attendue de Lulla eut été rendue impossible par son incarcération, a effectivement galvanisé ses troupes et redonné l'espoir à la gauche, au point d'altérer quelque peu les certitudes et l'arrogance agressive du camp Bolsonaro, un officier à la retraite nostalgique de la dictature brésilienne et partisan des attentes de l'extrême droite en matière d'usage libre des armes, de racisme, de xénophobie et autres joyeusetés qui l'ont évidemment rapproché de son modèle américain, le président Donald Trump. Il faut dire que si le Brésil passe dans le camp de l'extrême droite, ce sera la fin des idéaux de gauche dans une Amérique latine aujourd'hui dominée par des régimes qui vouent une haine viscérale à tout ce qui s'apparente au bolivarisme et à la doctrine socialiste. Mais le pays qui connaît une violence sans égale, un marasme économique profond, une corruption endémique et une crise de confiance aiguë envers la classe politique semble être parti pour tenter une expérience hasardeuse dont il espère qu'elle sera salvatrice pour son économie et son regain de prestige. Bolsonaro, un populiste de 63 ans qui a eu une carrière de député insignifiant pendant 27 ans, a su convaincre avec des mots crus, un verbe acide et des promesses de va-t-en guerre: les gens seront tous armés, les forces de l'ordre bénéficieront d'un permis de tuer, et la privatisation des pans entiers de l'économie sera accélérée. Soutenu par les églises évangélistes dont l'influence est au moins aussi grande qu'aux Etats-Unis, comme en témoigne le triomphe de Donald Trump, il a promis un gouvernement constitué pour un tiers de généraux afin de séduire l'armée, un tiers de Noirs et le reste entre les femmes et les LGBT! Comme démagogue et politicard outrancier, on ne saurait faire mieux. Le pire, c'est que cela marche! Et comme une inquiétude peut en cacher une autre, le capitaine de réserve a conclu sa campagne avec des diatribes qui enverraient ses opposants «en prison», à commencer par son rival d'hier, Fernando Haddad, et l'ex-président Lula qu'il rêve «en train de pourrir au cachot». Bref, un programme qui pourrait enthousiasmer d'autres formations d'extrême droite!