Dar El Gharnatia commémore à sa manière l'anniversaire de la Révolution nationale du 1er Novembre 1954. Une sorte d'hommage en quelque sorte qui se décline à travers l'organisation d'un festival maghrébin de musique andalouse. «La musique andalouse, source de beauté et de paix», tel est le titre générique de la IXe édition du Festival de musique andalouse de Koléa. Un programme alléchant a été arrêté et toutes les conditions objectives réunies pour que cette traditionnelle manifestation procure le bonheur et le ravissement tant escomptés par les mélomanes de Koléa comme par bien d'autres venus, on s'en doute, de Blida et d'Alger, du Maroc et de Tunisie. La scène sera maghrébine puisque des ensembles de la région s'y retrouveront pour nous restituer des fragments communs de nos Andalousies perdues. Prévu du 1er au 3 novembre à la Maison de la culture docteur Ahmed Aroua, cet événement est placé cette année sous le signe d'un hommage appuyé à Lamine Bechichi, compositeur et non moins ancien directeur de l'Institut national de musique, directeur général de la radio et ancien ministre. La maghrébinité de Dar El Gharnatia sera au rendez-vous cette année aussi, notablement confortée par la participation des sociétés musicales El Mossilia d'Oujda et Noubat El Andalous de Casablanca (Maroc) et Chabeb Monastir (Tunisie) aux côtés de l'association hôte et de dames de la chanson citadine parmi lesquelles il est aisé de citer les talentueuses interprètes Lila Borsali, Hosna Hini et Manel Gherbi. A noter que les chercheurs et musicologues Ibrahim Ouazani et Nabil Khaïrane (Maroc), Mahmoud Frih et Leïla El Ouarghi (Tunisie) seront de la nouba, sans jeu de mots aucun, au même titre d'ailleurs que Abdelkader Bendamèche appelé certainement pour sa proximité avec son ami Lamine Bechichi qu'il seconda dans plusieurs chantiers culturels. La soirée de clôture offrira l'opportunité de reconstituer l'ensemble maghrébin de musique andalouse grâce à l'apport des meilleurs éléments de Noubat El Andalous de Casablanca, de Chabeb Monastir et de Dar El Gharnatia de Koléa. De grands moments musicaux qui ne manqueront pas de donner à ce chant choral une dimension salvatrice portée par la nostalgie et le désir ardent de recommencer à vivre ensemble. Appartenant à l'école d'Alger de musique classique algérienne, Dar El Gharnatia a le mérite singulier de croire en sa feuille de route tracée depuis plusieurs décennies déjà par ses fondateurs à l'image de mes amis les regrettés Slimane Annani et Mahieddine Bellouti qui, avec la complicité pédagogique et musicale de Mohamed Mazouni, sont parvenus à démontrer que la musique dite andalouse n'était pas de la seule compétence des cités traditionnelles à la citadinité bien ancrée. Elle était bien au contraire un patrimoine commun à tout un peuple. Ce travail que relayera merveilleusement bien peu de temps après Brahim Benladjreb, un élève d'El Djazaïria El Mossilia et non moins disciple de Sid Ahmed Serri, connaîtra un essor considérable à la faveur de l'éclosion de plusieurs sociétés musicales parmi lesquelles El Bachtarzia et El Fen El Açil. Boualem Kherrous, l'actuel président de Dar El Gharnatia ne dissimule jamais sa reconnaissance et met à chaque fois l'accent sur le rôle conjoint joué par mes amis Slimane Annani, Mahieddine Bellouti et Mohamed Mazouni dans l'introduction de l'art musical andalou à Koléa. Un rôle que mon émission Nadi Et Taraqi (je la produisais et animais pour Canal Algérie), déifiera pour mieux évacuer une idée qui en attribuait la paternité aux racines andalouses de la région. Pour Boualem Kherrous son président, Dar-El-Gharnatia, nonobstant ses faibles moyens, ambitionne de jouer un rôle prépondérant dans le domaine de la musique andalouse. Et ce rôle, les responsables et élèves le jouent merveilleusement: «La diversité des activités, la jeunesse de sa composante humaine, son amour surtout pour la musique et son rayonnement nous incitent à travailler encore davantage, à être exigeants avec nous-mêmes, à nous sacrifier et aller de l'avant.» La soirée de clôture aura lieu ce soir en présence du grand ensemble maghrébin composé, comme précédemment souligné, par les virtuoses de Noubat El Andalous de Casablanca, de Chabeb Monastir et de Dar El Gharnatia de Koléa.