Washington a autorisé huit pays dont la Chine (un de leurs principaux rivaux commerciaux), l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et l'Italie, à continuer d'importer du pétrole iranien. Donald Trump a mis de l'eau dans son vin. Sa manoeuvre est calculée. Il voulait éviter un choc en privant brutalement le marché de l'offre du troisième producteur de l'Opep. Plus de 3,5 millions de barils par jour. «Nous avons les sanctions les plus sévères jamais imposées, a assuré le président des Etats-Unis. Mais pour le pétrole, nous voulons aller un peu plus lentement, parce que je ne veux pas faire monter les prix du pétrole dans le monde.» a déclaré le président américain. «Je pourrais ramener (les ventes de pétrole) à zéro immédiatement, mais cela provoquerait un choc sur le marché (...). Ce sera graduel», a-t-il ajouté. Le marché de l'or noir n'a finalement pas connu la flambée que l'on attendait. Les prix semblaient même vouloir plonger hier après avoir légèrement progressé, le premier jour (lundi) de la mise en oeuvre des sanctions américaines contre Téhéran. Mais de façon pratiquement insignifiante eu égard à tout le tintamarre qui a accompagné la menace du président américain de mettre sous embargo le pétrole iranien. Les experts ont livré leurs explications. «Les principaux rivaux des Etats-Unis ont dit qu'ils allaient défier les sanctions et, en plus, les Etats-Unis ont adouci leur message en accordant des exemptions à huit pays», a résumé Fiona Cincotta, analyste chez City Index. Les Américains ont visiblement cédé à cette levée de boucliers. «Les Etats-Unis ont autorisé huit pays, la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et l'Italie, la Turquie, la Grèce et Taïwan à continuer d'acheter temporairement du pétrole iranien malgré les sanctions américaines rétablies lundi», a annoncé le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo. Ces exemptions de dernière minute sont donc limitées dans le temps. Elles dureront au moins six mois. Pour l'instant elles contribuent à maîtriser un éventuel rebond des cours de l'or noir. Hier vers 14h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier s'échangeait à 72,88 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres, accusant un recul de 29 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour le contrat de décembre se négociait à 62,95 et cédait 15 cents. Ce qui représente une chute de près de 13 dollars depuis le 3 octobre. La saignée sera-t-elle stoppée? Les experts tablent malgré tout sur une remontée des prix. Ce n'est apparemment qu'une question de temps. «L'idée que les sanctions s'étaleront dans le temps pour éviter des pics des prix ont atténué les craintes d'un manque d'offre», a expliqué Jasper Lawler, analyste chez London Capital Group, qui rappelle que les craintes d'un déficit de l'offre avaient conduit les prix à leur plus haut en deux ans et demi début octobre. Tamas Varga annonce un prochain retour de manivelle. «Les sanctions vont doper les prix dans les semaines à venir avec un équilibre précaire entre l'offre et la demande au quatrième trimestre.» affirme l'analyste de PVM. Il serait par ailleurs étonnant que l'Opep qui a fait des pieds et des mains pour faire rebondir les prix restent les bras croisés si le baril venait à s'enfoncer davantage. «Nous nous attendons à ce que l'Arabie saoudite ou un de ses alliés intervienne bientôt pour faire savoir que le prix du Brent n'a rien à faire en dessous de 70 dollars», a indiqué Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. Affaire à suivre...