La ville d'Arzew a vécu des moments de colère très intenses. Cette opération, lancée la semaine dernière pour toucher les baraquements des cités Zabana et Hai El Emir a soulevé moult interrogations. Bon nombre d'habitants n'ont pas manqué de souligner que parmi les kiosques touchés par la mesure de démolition figurent certains légalisés par des documents délivrés par les services de la commune et du registre de commerce. Au niveau de l'Apc on soutient que l'opération fait partie d'une vaste campagne d'éradication de constructions illicites lancée dans toute la wilaya d'Oran. «Si elle a été entamée à Arzew pendant le mois de ramadhan ce n'est qu'un pur hasard», dira, un élu local. Lundi aux environs de 10 heures alors que les pelles des engins communaux commençaient à attaquer les murs des premiers magasins, des bandes de jeunes armés de pierres et de gourdins ont investi les lieux pour faire obstruction à l'opération. Ils empêchent les bulldozers de poursuivre leur tâche. Des palabres, la force publique est appelée en renfort et c'est l'étincelle à une bronca qui durera toute la journée et qui se soldera par un mort, une dizaine de blessés et une trentaine d'interpellations. Les éléments de la Bmpj appelés se sont heurtés à des bandes de jeunes qui ont dressé des barrages à l'aide de pneus incendiés. Les pierres fusaient de partout. Deux véhicules Nissan de la police sont pris à partie par les manifestants qui n'hésitent pas à y mettre le feu. Le décor de l'émeute est planté. Les jeunes policiers, pour disperser les manifestants, usent de persuasion mais sans parvenir à calmer l'ardeur des manifestants. Des coups de feu de sommation sont tirés en l'air. Le corps d'un jeune homme âgé de 23 ans s'écroule par terre, blessé. Transporté à l'hôpital d'El Mohgoun il décédera des suites de ses blessures. La nouvelle de sa mort traversera les rangs des manifestants qui jurent vengeance. La tension est à son paroxysme aux environs de 16 heures. Les troubles se déplacent vers les autres cités du complexe, Zabana et les Chevriers. Le wali et les autorités locales se rendent sur les lieux pour tenter de trouver une issue à cette situation. Une réunion à huis clos est tenue pendant des heures. Parmi les premières mesures décidées, la suspension de l'opération de démolition. Cette annonce fera baisser la tension de plusieurs crans. Après la rupture du jeûne, M.Ali Tounsi le directeur général de la Sûreté nationale effectuera une visite à Arzew et présentera ses condoléances à la famille du défunt. Il les assurera de tout mettre en oeuvre pour prendre les mesures contre l'auteur de la bavure qui a conduit à la mort de son enfant. La trentaine d'individus interpellés a été présentée hier au tribunal d'Arzew. Des avocats ont parlé d'une vingtaine de mises sous les verrous. Un comité local composé de représentants de citoyens et des autorités locales a été installé pour rétablir la confiance entre l'administration et les citoyens et pour trouver une issue au problème de l'habitat précaire à Arzew. La ville pétrolière a frôlé le pire lundi. Hier, elle s'est réveillée avec une odeur de brûlé et de mort qui flottait dans l'air. Les jeunes qui se disent victimes de «hogra» ont fait entendre leur voix. Ont-ils été entendus..