Le manque de moyens et surtout, dans certains cas, une organisation inefficace, sont en partie responsables du climat de psychose qui règne dans nos villes. L'insécurité prend des proportions alarmantes, voire même incontrôlables. Le ton rassurant des services de sécurité s'est heurté à la réalité du terrain. Les quelques 5000 agents de l'ordre chargés d'assurer la quiétude des citoyens en ce mois de Ramadan, ne sont pas arrivés à juguler le phénomène. Le manque de moyens et surtout, dans certains cas, une organisation inefficace, sont en partie responsables du climat de psychose qui règne dans nos villes. Organisés en gangs, ces jeunes, dont la plupart s'adonnent à la toxicomanie, attendent le moment opportun pour passer à l'action. Souvent, ils préfèrent s'en prendre à des personnes isolées, ou agir dans la «confusion» d'un marché public ou d'un grande surface. A l'approche de l'Aïd El Fitr où les marchés sont bondés où les familles viennent s'approvisionner, les vols à la tire et les agressions physiques se sont multipliés au cours de la dernière semaine. «Je dois me faire accompagner pour faire mes courses. Je suis même obligée d'éteindre mon téléphone portable de crainte que la sonnerie attire l'attention des délinquants, constamment à l'affût de la moindre baisse de vigilance», témoigne une mère de famille. Un jeune délinquant arrêté par les services de sécurité, pour avoir volé un téléphone portable, reconnaît devant la caméra de l'Entv que c'était là le seul moyen pour se «nourrir», tout en affirmant, toutefois être « un bon musulman qui fait carême». Le constat est amer : de jour comme de nuit des citoyens sont détroussés et des domiciles cambriolés sans que les auteurs de ces actes ne soient inquiétés. A peine sortis de la spirale de violence terroriste, les Algériens sont frappés de plein fouet par la petite et moyenne criminalité, au point que les réflexes de la dernière décennie sont conservés. Serrures renforcées, systèmes de télésurveillance pour les quartiers résidentiels, systèmes d'alarme, aussi bien pour les véhicules que pour les magasins, sont les «astuces» qui garantissent un tant soit peu la sécurité des citoyens. Donc, ce citoyen dont la police nationale veut faire l'«instrument» de son action de protection des biens et des personnes, est lui-même la première victime des agressions, qui parfois débouchent sur des issues tragiques. Les opérations combinées (Gendarmerie nationale-police) menées depuis l'été dernier dans les principales villes du pays, où le grand banditisme s'est installé, n'ont pas suffi à éradiquer ce fléau qui se «régénère» en raison de la persistance de ses causes. Le chômage, l'éclatement de la cellule familiale, sont parmi les facteurs qui favorisent la criminalité. A noter que pour la première quinzaine du mois de Ramadan le nombre de personnes arrêtées dans la capitale, s'élève à quelque 540 individus, dont plus de la moitié (287) ont été placés sous mandat de dépôt. Au cours de la même période, les services de la sûreté de la wilaya d'Alger ont eu à traiter pas moins de 120 affaires de détention et de commercialisation de stupéfiants. A Blida, et en l'espace d'une nuit seulement, 164 personnes ont été arrêtées. Bilan : plus d'une trentaine d'armes blanches, dont 7 épées, deux bonbonnes de gaz lacrymogène, plusieurs bâtonnets de kif traité et une quantité énorme de boissons alcoolisées. L'opération s'est soldée par l'arrestation de 500 individus. Le même constat a été enregistré dans les wilayas de l'est et de l'ouest du pays où des centaines d'individus ont été arrêtés et présentés devant le magistrat instructeur, au cours du mois sacré. Il est utile de rappeler que le bilan annuel 2004 de la Gendarmerie nationale concernant la criminalité de droit commun est édifiant sur la violence urbaine. 4200 crimes et 20.559 délits ont été enregistrés, alors 450.000 personnes ont été arrêtées dans des affaires liées au droit commun, l'immigration clandestine, les faux documents, la contrebande et le trafic de stupéfiants. Un phénomène qui prend chaque jour de l'ampleur et qui risquerait de prendre de court les forces de l'ordre. Pour le moment c'est le citoyen qui se retrouve au centre du fléau en étant à la fois la victime et le «sauveur». Des mères de famille n'ont, en effet, dû leur salut qu'à l'intervention de citoyens. Un réflexe louable, à conserver.