Les Libyens attendent une solution urgente de la crise La situation tarde à se décanter du fait des positions rigides et des manoeuvres dilatoires qui entravent l'avancée du processus, notamment l'indispensable unification des institutions libyennes, politiques, économiques et sociales. Les travaux de la Conférence internationale de Palerme sur la Libye se sont ouverts hier à huis clos en présence des principaux dirigeants libyens dont le président du Conseil présidentiel, Fayez Al-Sarraj, le président de la chambre des représentants, Aguila Saleh, le président du Haut Conseil d'Etat, Khaled Al Mechri et l'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé. Initiée par l'ONU et organisée par l'Italie, en présence des pays membres du Groupe des pays voisins mis en place par l'Union africaine, à savoir l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, le Niger et le Tchad, cette rencontre a vu finalement le maréchal Haftar participer à la réunion restreinte entre les dirigeants libyens et le Groupe des pays voisins en présence de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé ainsi que des représentants d'une vingtaine de pays concernés par le dossier. Il faut dire que le maréchal libyen a fait planer l'incertitude puis le doute sur sa participation à cette conférence censée «identifier les étapes du processus de stabilisation» de la Libye, à un moment où les échéances initialement tracées dans la feuille de route de Ghassan Salamé en décembre 2017 s'avèrent impossibles à tenir. D'ailleurs, le représentant du secrétaire général de l'ONU a rendu compte de sa mission, jeudi dernier, au Conseil de sécurité avant de gagner Palerme, expliquant les raisons qui ont contraint au report de la date fixée pour la tenue des consultations législatives et présidentielle. Prenant acte de son rapport, le Conseil de sécurité a une nouvelle fois exhorté les parties libyennes à davantage de responsabilité et de collaboration avec la médiation onusienne pour résoudre la crise qui, c'est un fait reconnu de faon unanime, a trop duré. Reprenant la thématique développée par la diplomatie algérienne depuis trois ans au moins, il a ainsi été question d'approfondir l' «approche inclusive» seule à même de «ramener la stabilité et la sécurité» en Libye. Il n'existe pas d'autre voie que celle d'une solution commune et consensuelle qu'auront approuvée tous les protagonistes de la crise, à charge pour eux de transcender leurs ambitions personnelles pour privilégier l'intérêt du peuple libyen. A ce titre, il convient de souligner que le pays organisateur, l'Italie, et l'Algérie en sa qualité de chef de file du Groupe des pays voisins de la Libye, n'ont cessé depuis le début de la crise, en 2011, de coordonner en permanence leurs efforts et leur apport décisif à la démarche de l'ONU pour parvenir à cette solution inclusive tant attendue par le peuple libyen. En cela, l'Algérie qui partage plus de 1000 km de frontière avec la Libye n'a jamais varié sa position, à savoir un soutien résolu et désintéressé à «une solution politique et un dialogue inclusif des parties libyennes dans le respect de l'unité, de la souveraineté et de l'intégrité de la Libye», démarche partagée par l'Italie qui estime elle aussi que cette solution ne peut émaner que des Libyens eux-mêmes, sans interférence étrangère. L'émissaire de l'ONU en Libye a indiqué lors de la vidéoconférence devant le Conseil de sécurité que le processus électoral, reporté pour des motifs complexes, devrait démarrer au printemps 2019 au lendemain d'une conférence nationale prévue en Libye au cours de janvier prochain. Ghassan Salamé, convaincu du fait que seuls «les Libyens décideront de leur destin», voit dans la rencontre de Palerme une nouvelle opportunité, après celle de Paris, pour cette recherche de la solution inclusive et il salue «l'appui de la communauté internationale au processus politique» dont il conduit la mise en oeuvre. Inlassablement, l'Algérie n'a cessé de ressasser son approche pour une solution qui passe par «le dialogue inclusif comme seul moyen de règlement sous l'égide des Nations unies, (avec) la mise en place d'institutions capables de préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Libye, ainsi que son unité et la cohésion de son peuple, de même qu'à faire face aux nombreux défis auquel est confronté ce pays frère et voisin, à commencer par la menace terroriste». Or, la situation tarde à se décanter du fait des positions rigides et des manoeuvres dilatoires qui entravent l'avancée du processus, notamment l'indispensable unification des institutions libyennes politiques, économiques et sociales. Avec cette conférence de Palerme, l'Onu, l'Italie et le Groupe des pays voisins espèrent appuyer et responsabiliser clairement les protagonistes de la crise et les mobiliser concrètement en faveur du programme de la médiation onusienne afin de garantir la stabilité, la sécurité et le développement économique auxquels a droit le peuple libyen. Réunion du Groupe des pays voisins Les représentants des pays voisins de la Libye, participant à la Conférence internationale de Palerme sur la Libye, ont tenu hier une réunion avant le début des travaux de la Conférence. La réunion des pays voisins de la Libye, dont les travaux se déroulaient à huis clos, se tient à la villa Igiea à Palerme (sud de l'Italie) qui abrite la Conférence sur la Libye. Outre le Premier ministre Ahmed Ouyahia, ont pris part à cette réunion le président tunisien Béji Caïd Essebsi, le président égyptien Abdelfettah Al-Sissi, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé, le président du Conseil présidentiel, Fayez Al-Sarraj, le commandant en chef de l'Armée nationale libyenne (ANL), Khalifa Haftar, en présence du Premier ministre russe, Dimitri Medvedev, du président du Conseil italien, Giuseppe Conte et du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. M. Ouyahia, représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est arrivé hier matin à Palerme pour participer à la Conférence internationale sur la Libye qu'organise l'Italie en collaboration avec la mission d'appui des Nations unies en Libye.