Sur les 16 élus que compte l'assemblée communale, 9 ont opté pour un retrait de confiance au maire. Le conflit qui couvait depuis plus d'une année dans les rangs de l'exécutif communal a fini par éclater au grand jour dans une confrontation verbale digne de ces scènes qui ont fait la réputation de Bayouna. Mercredi dernier à la salle des réunions du siège, et en présence du public, le président de l'APC et un groupe de ses collaborateurs se sont donnés en spectacle dans des échanges qui dépassaient de loin le simple désaccord qui peut exister au sein d'un groupe d'appartenance politique divers. Pour mémoire, l'exécutif communal majoritairement FLN, comprend un vice-président d'obédience FFS, un autre appartenant au parti El Islah et un troisième élu sur une liste libre. Sur les 16 élus que compte l'assemblée communale, 9 ont opté pour un retrait de confiance au maire. C'est en abordant ce point que le feu a été mis aux poudres mercredi. Le maire s'est retrouvé en face d'un groupe qui ne reculera devant rien pour faire aboutir le plan que le retrait de deux éléments à la dernière minute a fait échouer. Au départ, ils étaient 11 à demander le départ du maire, mais le jour «J», certains se seraient rebiffés en se retirant. Les protagonistes amenés à résoudre «leurs affaires» dans un face-à-face public ne se retiennent plus et usent d'un vocabulaire méchant. Le vice-président d'obédience FFS étale alors des preuves écrites qui selon lui impliqueraient le maire dans l'attribution frauduleuse d'un marché public. «Pourquoi avez-vous attribué le marché du marché en gros au deuxième soumissionnaire alors que la commission des marchés a retenu un autre dont l'offre était meilleure?» En réponse, le maire sans nier le fait, rétorquera que la décision relève de ses attributions mais que lui aussi a des preuves sur des sollicitations et des interventions de ses détracteurs qu'il a toujours refusé d'exaucer et c'est la vraie raison de ce coup monté. Son vis-à-vis demande devant l'assistance de donner ces preuves. Dans ce face-à-face un ex-vice-président de même appartenance politique que le maire, abuse d'un langage violent, allant jusqu'à traiter son ex-allié de menteur. Le maire, de son côté, rappelle à cet élu qu'il n'était pas un modèle à suivre. «Vous avez assuré un intérim et vous avez acheté des portables au nom de l'APC à vous et vos amis de l'assemblée!». C'est le moment choisi par les frondeurs pour dénoncer un détournement à des fins personnelles. «Nous avons ici les bons de prélèvement de matériaux utilisés à la réfection de votre logement qui, au passage, a été faite par 16 ouvriers de la commune; ces réfections avoisineraient selon le vice-président les 60 millions de centimes». Le maire répond qu'il s'agissaient au juste de trois bidons de peinture et rien de plus. La réunion qui s'est éternisée autour d'accusations, d'attaques et de contre-attaques finira avec la démission du vice-président M. Kaci Hamadi, qui nous déclarera: «Mon action n'a rien d'une stratégie partisane ou d'une volonté d'accaparer le poste, mais ma culture et mon éducation m'interdisent d'exercer aux côtés de malhonnêtes.» Le maire, de son côté, réfute les accusations et attribue le «putch» à ses ex-collaborateurs qu'il avait écartés lors d'un remaniement. Maintenant que l'assemblée est officiellement scindée en deux clans bien distincts et que la majorité est du côté des frondeurs avec 9 sièges contre 7 avec le maire, quels sont les scénarios possibles? Objectivement la commune n'avait pas besoin de cette situation surtout que les problèmes quotidiens suffisent. Les délibérations à l'avenir risquent de connaître des blocages. Le conflit, au regard de la violence verbale qui a caractérisé la rencontre, risque de perdurer et de pousser vers une impasse alors qu'il ne reste qu'une année à purger. Une source proche du groupe des frondeurs parle d'une plainte qui sera déposée contre le magistrat communal pour détournement. Le 23 novembre des élections partielles se dérouleront à travers 6 communes de la wilaya de Bouira. Pourquoi l'Etat ne prendrait-il pas les devants en optant pour la dissolution de l'actuelle assemblée, parce que dans toute cette histoire c'est le citoyen qui, au bout du rouleau, trinquera. Si le BP n'est pas approuvé dans les délais, c'est un coup sérieux au développement de la commune. «Ces gens ont été élus pour travailler la main dans la main, si aujourd'hui ils ne se supportent plus, qu'ils partent tous...», commentera un enseignant retraité qui a servi des années durant, le secteur et la commune.