L'émigration clandestine constitue un véritable phénomène de société La demande est accrue, d'où la multiplication des passeurs s'ingéniant dans leurs trouvailles en mettant en place un nouveau stratagème, le transport en Vip. C'est reparti. Les boat people reprennent le large de la mer malgré l'hiver rigoureux s'annonçant. Le voyage «organisé» finit très souvent par être déjoué. Le dernier en date remonte à la nuit de vendredi à samedi. Les unités du groupement territorial des gardes-côtes d'Oran ont mis à plat une tentative d'émigration clandestine de 18 harraga comprenant, en plus de plusieurs jeunes hommes, une mère et quatre enfants. Les candidats à l'eldorado incertain ont, dans leur projet, ciblé les côtes ibériques d'Espagne avant qu'ils ne soient interceptés alors qu'ils étaient à bord d'une embarcation pneumatique à sept miles nautiques au nord du rivage de cap Falcon, plage située du côté ouest de la station balnéaire de Aïn El Türck. L'émigration clandestine constitue un véritable phénomène de société identifié malgré les transformations. Quitter illégalement le territoire national est passible de lourdes sentences. En dépit de l'étau se resserrant de plus en plus aussi bien en mer qu'avant «l'embarquement», le phénomène n'est pas près de prendre du recul. La traversée clandestine en mer à partir d'Oran, vers les villes espagnoles, dont celle d'Almeria, s'est multipliée de manière vertigineuse depuis l'été. Autrement dit, la demande est accrue, d'où la multiplication des passeurs s'ingéniant dans leurs trouvailles en mettant en place un nouveau stratagème, la harga en tant que «Very Impotant personality», Vip. À la faveur de ce nouvel mode opératoire, les passeurs gagent leurs «services» en contrepartie des sommes allant de 300 000 à 400 000 DA pour une traversée dont la trajectoire ne dépasse pas 3 heures. Le modèle opératoire repose essentiellement sur le transport, par le passeur, de son client à bord d'un jet-ski. Si pour le moment, un tel procédé fait une apparition timide sur les côtes algériennes, les passeurs marocains, en faisant des fortunes, attirent de plus en plus les demandeurs algériens. Localement, un tel «moyen» de transport rapide domine les discussions des débats. D'autant plus, apprend-on auprès de plusieurs jeunes, «des harraga ayant bravé la mer, ont déjà rallié le sol espagnol». Et ce n'est pas tout. Le passeur marocain, se proposant en bon prestataire de service, garantir le retour vers le sol d'origine en cas d'urgence. La facture à payer varie entre 800 et 1000 euros pour un voyage express et Vip à bord d'un jet-ski ou encore à l'aide d'un zodiac semi-rigide au moteur d'une puissance de 40 Ch. Selon des témoignages, ces transporteurs font le plein aussi bien à l'aller qu'au retour. Ce service express enregistre une forte demande. Le départ se fait du Maroc dans le cadre du procédé baptisé au nom de Go Fast. Ce Go Fast a, dans le passé récent, été utilisé, par de grands narcotrafiquants marocains dans le transport des grandes quantités de drogue à partir du Royaume marocain vers l'Europe en transitant par l'Espagne.