Parmi les facteurs qui ont enfoncé le baril, il y a incontestablement l'Arabie saoudite et la Russie qui se sont empressées d'augmenter leur production pour pallier les exportations iraniennes qui n'ont pas subi les foudres américaines. C'est la goutte qui fait déborder le vase. Le marché qui était déjà «abreuvé» par une production américaine record, elle a dépassé les 11 millions de barils par jour, s'est retrouvé à nouveau en situation de surabondance après que l'Arabie saoudite se soit empressée d'augmenter sa production pour pallier les exportations iraniennes frappées par un embargo américain finalement aménagé. Les Etats-Unis ont autorisé huit pays, la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et l'Italie, la Turquie, la Grèce et Taïwan à continuer d'acheter temporairement du pétrole iranien malgré leurs gesticulations. Des sanctions étaient prévues, à partir du 4 novembre dernier contre tout pays qui continuerait à s'en approvisionner. La volte-face du président américain n'a finalement pas privé le marché de la production iranienne qui s'élève à plus de 3,5 millions de barils par jour. Une décision de Donald Trump qui s'apparente à une manoeuvre. L'Arabie saoudite s'y est jetée à pieds joints et a contribué sans le souhaiter au plongeon des cours de l'or noir qui ne s'en sont pas encore remis. Malgré la réaction du chef de file de l'Opep qui a annoncé qu'il allait retrancher 500.000 barils par jour en décembre. Mieux encore, dans la foulée il fait une proposition de baisse de l'offre mondiale de 1 million de barils par jour. Le marché qui, dans un premier temps, avait répondu favorablement, les prix se sont redressés momentanément, a décidé de prendre le chemin inverse. L'Alliance Opep-non Opep a failli. Cela s'est payé cash! L'Arabie saoudite et la Russie, gros producteurs mondiaux et «figures de proue» de cette alliance inédite ont cru pouvoir pomper davantage, convaincus que les sanctions américaines contre Téhéran allaient priver le marché mondial de la production iranienne. Mal leur en a pris. Leur assouplissement par Washington, qui s'apparente à un coup fumeux du président américain, a contribué à faire plonger les prix qui se sont retrouvés à leur plus bas depuis respectivement décembre et octobre 2017. Il n'y a cependant pas que cette «erreur d'aiguillage» qui les a fait sombrer. Les cours de l'or noir risquent d'être plombés par une demande mondiale qui a été revue à la baisse, une production américaine et des stocks mondiaux qui atteignent des records. Dans cette conjoncture morose, le baril a trouvé des ressources pour rebondir après son plongeon de mardi. Hier vers 15h00 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier s'échangeait à 63,62 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres, en hausse de 1,09 cent par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour la même échéance se négociait à 54,55 dollars pour gagner 1,12 dollar. Le marché tendait cependant une oreille vers l'Agence américaine de l'énergie (EIA) qui devait rendre publiques les données hebdomadaires sur les stocks américains. Peuvent-ils influer sur le comportement du baril? «L'effondrement des prix (...) trouve une nouvelle force avec la chute des marchés boursiers, l'incertitude grandissante entourant les perspectives économiques pour 2019 et 2020», ont expliqué les analystes d'ActivTrades. En attendant la résurrection contrariée du baril, l'espoir d'un rebond significatif des prix repose sur la réunion de l'Opep qui doit se tenir les 6 et 7 décembre à Vienne. «Une baisse de la production d'au moins un million de barils par jour sera probablement approuvée», ont indiqué les analystes du second groupe bancaire allemand Commerzbank. Sera-t-elle suffisante pour allumer l'étincelle? D'ici-là le baril doit essuyer la tempête à laquelle il fait face actuellement...