Les détournements se multiplient dramatiquement dans les agences bancaires, à un rythme de plus en plus effréné et dans des proportions qui deviennent inquiétantes. Le plus significatif dans tout cela, c'est que ces détournements sont commis avec la complicité des agents et des cadres bancaires. Le 26 de ce mois, cinq cadres gestionnaires de la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr) de Sidi Bel Abbès ont été placés sous mandat de dépôt, suite à un préjudice financier estimé à 230 milliards de dinars. A l'agence Badr de Aïn Témouchent, c'est un trou de plus d'un milliard de centimes qui avait été découvert. Il y a quelques jours de cela , un scandale lié à un détournement à la Cnep, portant sur une somme de 6 milliards de centimes a défrayé la chronique et mis en émoi les épargnants de cette banque, après que fut mis en évidence le rôle joué par plusieurs cadres de cette banque spécialisée dans le crédit logement et dans le crédit véhicule, avec la complicité d'agents travaillant dans les services des cartes grises de plusieurs daïras. Il y a quelques semaines de cela, un ancien directeur général de cette institution financière a été auditionné par la justice, pour son implication présumée dans un scandale financier portant sur plusieurs millions de dinars au profit de certaines entreprises privées. Par ailleurs, on se rappelle tous le cas de l'agence de la Banque du développement local (BDL) d'El Mouradia, sise sur les hauteurs d'Alger, qui a été au centre d'un préjudice financier estimé à 50 milliards de centimes, préjudice mis au grand jour grâce à une enquête interne de la BDL. Le même scandale financier avait éclaboussé une agence de la Banque nationale d'Algérie (BNA) sise à Rouiba, à la suite d'opérations d'escompte et de transaction frauduleuse (selon la formule du chèque de cavalerie). Dans cette affaire, soit en tout cinq personnes (quatre banquiers et un commerçant) qui auront été placées sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur près le tribunal de Sidi M'hamed. Le 5 mai 2005, un procès retentissant révèle un scandale touchant cette fois la Banque extérieure d'Algérie; à la suite de quoi 68 personnes furent incriminées, parmi lesquelles figurent l'ancien directeur général de cette banque, celui de l'antenne BEA de Sig, et de nombreux hommes d'affaires, dans un préjudice qui est estimé à 132 milliards de dinars. Plus près de nous, plusieurs hauts responsables de la Banque nationale d'Algérie, dont l'ancien président-directeur général; ont été inculpés par la justice. Le préjudice porte sur près de 15 milliards de dinars. Fausses domiciliations à la BDL qui causent un préjudice de 12 000 milliards de centimes, des prêts non remboursés à la BEA à Constantine et portant sur près de 2 000 milliards de centimes ; au prêt non justifié de la Badr à l'entreprise Tonic Emballage, tout indique que les banques publiques souffrent dramatiquement d'un minimum de contrôle de la part des autorités. Et de la hiérarchie. Ces détournements ne sont-ils possibles que parce que la réforme tarde à venir. C'est le sentiment général qui se dégage auprès de la population et des clients potentiels de ces banques. Comme se fait-il que des embûches de toutes sortes se multiplient devant un investisseur potentiel à la recherche d'un prêt pour lancer une affaire rentable pour lui et pour le pays, de surcroît créatrice de richesses et d'emplois, alors que les aigrefins, eux, n'ont aucune difficulté à jouer avec des sommes faramineuses de façon tout à fait illégale. Comment se fait-il qu'on déboute un simple citoyen, qui demande un prêt à la consommation, alors qu'il est solvable et qu'il justifie d'une fiche de paie ? Comment se fait-il qu'on fait tout pour rebuter les épargnants qui cumulent des intérêts et qui ont les moyens de rembourser leurs prêts accordés dans le cadre du prêt logement ou véhicule? Non, il ne fait aucun doute que le système bancaire algérien n'est pas prêt à être au service du développement du pays. Les instruments n'existent pas pour cela. Simples caisses de dépôt, nos banques malheureusement sont un boulet où le blanchiment d'argent est aisé. Ainsi que les détournements et les infractions aux opérations de change. Lorsque la justice et les services arrivent à mettre au jour un préjudice, cela veut dire que des préjudices plus importants sont commis mais sans être détectés. La commission d'enquête mise en place par Mourad Medelci pourra-t-elle faire quelque chose? Dans les conditions actuelles on peut en douter.