Les scandales financiers se succèdent. La majorité des banques publiques ont été victimes de détournements et de dilapidation de l'argent des autres. Pourtant, des réformes bancaires ont été annoncées en grande pompe. Mais les failles sont omniprésentes. Le système de contrôle, tel qu'il est instauré dans les institutions financières, reste archaïque dans la majorité d'entre elles. On se souviendra toujours de la révélation du directeur de la comptabilité de la BNA devant le tribunal criminel d'Alger dans l'affaire dite «Achour Abderrahmane». Après avoir expliqué comment les chèques de cavalerie ont été utilisés, il a mis en exergue «la manière diabolique à laquelle ont eu recours les mis en cause et l'absence d'un contrôle moderne et ce, en dépit de toutes les mesures prises par la direction de la Banque d'Algérie. «Le danger n'est pas écarté et les risques sont grands.» C'est on ne peut plus clair. Cela signifie qu'il est possible que d'autres détournements, chèques de cavalerie, dissimulation de documents bancaires et des écritures entre sièges soient en train d'être commis, les potentiels bénéficiaires continuant à exploiter les failles qui existent dans le système de contrôle. C'est à croire que ceux en charge de la protection de l'argent public ne tirent pas les leçons de tous les scandales et autres affaires traitées par les tribunaux. Or, d'aucuns savent que le secteur de la finance est le poumon de l'économie, voire de la nation. On sait depuis longtemps que la modernisation du système bancaire et les instruments de contrôle y afférents représentent un véritable danger pour les manœuvres mafieuses et les mafieux de tous bords. Force est de constater, au demeurant, que les défaillances du système bancaire favorisent la corruption et l'octroi de milliards de milliards de crédits sans garantie suffisante. Le changer, le moderniser ou le réformer risque de tuer «la vache à lait» que constituent les banques algériennes. A moins de vouloir jouer le jeu de ceux qui continuent d'en profiter, il n'y a pas de raison pour que les choses restent en l'état. Il s'agit, faut-il encore le souligner de deniers publics, appartenant à la collectivité. Pendant que les pouvoirs publics ont, plus d'une décennie durant, été détournés de leur mission originelle à cause de la lutte antiterroriste, certaines ont pillé des ressources, détourné le patrimoine foncier, les terres agricoles. La désertification accomplie, il fallait trouver une autre source d'enrichissement. Se servir directement dans les caisses du Trésor public et des banques. Avec la complicité, voire l'implication de ceux qui sont en charge de les protéger. Ils restent aujourd'hui plus que jamais en danger. F. A.