«Il faut que le peuple français et la France officielle se distinguent de la France coloniale.» Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du président de la République, a officiellement confirmé la visite de Jacques Chirac à Alger à qui il a souhaité la bienvenue. «A l'occasion du 51e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, nous souhaitons la bienvenue au président français à Alger», a-t-il confirmé, hier, en marge de l'installation des cinq commissions permanentes du FLN au siège du parti à Hydra. Evoluant en dents de scie malgré les visites des présidents français Valéry Giscard d'Estaing à Alger en 1975 et de François Mitterrand en 1981 et 1989, les relations entre les deux pays ont toujours été embrouillées. C'est la quatrième visite qu'effectue M.Chirac à Alger depuis son arrivée au pouvoir en 1995. Il s'est déplacé en décembre à Alger où il a fait un passage remarqué à Bab El Oued ravagé par les inondations d'octobre de la même année. Une visite qui avait pour but, à l'époque, de prendre le pouls des Etats du Maghreb sur la crise afghane et la poursuite de la lutte antiterroriste, après les événements du 11 septembre. Le président français revient à Alger dans le cadre d'une visite d'Etat où il a été triomphalement accueilli. Enfin, c'est au lendemain de l'élection présidentielle du 8 avril 2004 que M.Chirac a surpris tout le monde par une visite éclair à Alger pour féliciter son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, réélu pour un second mandat. En réalité, l'escale d'Alger a été inscrite sur l'agenda de Chirac pour le 23 juin dernier. Le rendez-vous a été reporté. Frappé de plein fouet par l´ampleur de la victoire du « non » au référendum du 29 mai dernier sur la Constitution européenne, le président Jacques Chirac s'est trouvé fortement affaibli, chez lui comme sur la scène internationale. Jamais depuis 1965, la cote de popularité d'un président français n'a atteint un degré aussi bas sous la Ve République. De ce fait M.Chirac a été contraint de différer son rendez-vous. L'arrivée du président français coïncide avec la célébration du 51e anniversaire de la guerre de Libération et ce, la veille de la signature du traité d'amitié entre les deux pays. M.Chirac ne peut donc faire l'impasse lors de son déplacement sur un dossier aux relents de soufre: la guerre d'Algérie. Depuis le mois de mai 2005, un nuage d'été s'est établi entre Paris et Alger, bien que la France conserve sa place de premier partenaire commercial de l'Algérie. Hier, le secrétaire général du FLN et ministre d'Etat n'a pas omis de dénoncer la loi du 23 février. «Il faut que le peuple français et la France officielle se distinguent de la France coloniale », a souligné Abdelaziz Belkhadem ajoutant que l'Algérie «ne demande rien à la France. Qu'elle rende hommage à ceux qui l'ont servie c'est son problème, mais qu'elle utilise l'histoire pour disculper le colonialisme et l'absoudre de tous ses crimes est inadmissible. L'article 4 de la loi du 23 février est une insulte au peuple algérien», a insisté l'ex-chef de la diplomatie algérienne. La loi du 23 février 2005, en plus de l'hommage qu'elle rendait aux rapatriés et aux harkis, fait référence au «rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord». Cette loi qui a soulevé un tollé en France et en Algérie ne souffle pas mot sur les aspects négatifs de la colonisation, en particulier la brutalité avec laquelle l'Algérie a été conquise en 1830, puis maintenue pendant 132 ans sous le joug colonial.