Le prince héritier L'Algérie espère convaincre l'Arabie saoudite de baisser sa production de pétrole afin de soutenir les prix. De Buenos Aires en Argentine où il se trouvait, hier, pour assister au G20, le prince héritier, vice-président du Conseil des ministres et ministre de la Défense d'Arabie saoudite, Mohammed Ben Salmane, prendra son avion pour Alger où il entame, à partir d'aujourd'hui, une visite officielle de deux jours. A la tête d'une délégation de haut niveau qui compte des membres du gouvernement, des hommes d'affaires et des personnalités saoudiennes éminentes, comme l'a indiqué hier un communiqué de la présidence de la République, le prince saoudien vient en Algérie «dans le cadre des relations fraternelles solides liant l'Algérie et le Royaume d'Arabie saoudite». La visite du prince Mohamed Ben Selmane (MBS) qui a été annoncée, il y a quelques jours déjà par les médias saoudiens, a un cachet plus politique du côté saoudien et plus diplomatique et économique pour la partie algérienne. L'héritier du trône qui a été salué, il y a quelques mois, faut-il le rappeler, comme un grand réformateur, a vu sa réputation entachée par le scandale de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. La tension créée à la suite de cet assassinat a décidé le prince héritier à «riposter» en s'affichant dans les grandes rencontres mondiales et en entamant une tournée dans plusieurs pays arabes. Pari gagné pour MBS qui a été chaleureusement accueilli au G20 par plusieurs chefs d'Etat à l'exemple de Donald Trump, Vladimir Poutine ou encore Emmanuel Macron. A l'annonce de sa visite en Algérie, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif qui a condamné «le meurtre du citoyen saoudien», tout en exprimant sa «conviction» que la justice saoudienne saura faire la lumière dans cette affaire», a tenu à rappeler que «l'Algérie, qui est liée à l'Arabie saoudite par des relations étroites de fraternité et de coopération, et partage avec elle un destin commun». Et c'est dans le cadre de cette coopération que s'inscrit, pour l'Algérie, principalement cette visite. Lors de cette visite, il est question pour les deux pays «de donner un nouvel élan à la coopération bilatérale en vue d'augmenter le volume d'échange commercial et d'élargir le partenariat économique entre les deux pays». La visite permettra également de «relancer les différents ateliers bilatéraux issus de la 13ème session de la réunion de la Commission mixte algéro-saoudienne, tenue à Riyadh en avril dernier». Ce sera l'opportunité d'examiner et d'échanger les points de vue sur les questions politiques et à leur tête la question palestinienne, outre l'évolution du marché pétrolier. Sur ce dernier point, il y a lieu de préciser que les prix du pétrole ont connu, ces derniers jours, une baisse sensible. L'Algérie espère convaincre l'Arabie saoudite de baisser sa production de pétrole afin de soutenir les prix et cela à quelques jours de la réunion de l'Opep et de leurs partenaires hors Opep qui se tiendra en fin de semaine à Vienne pour fixer les niveaux de la future production. Rappelons que le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni avait déclaré, la semaine dernière, que «l'Arabie saoudite ne s'est pas retirée de l'accord de l'Opep-hors Opep sur la baisse de la production», expliquant que Riyadh a décidé d'une faible hausse «pour faire face à la baisse de l'offre, induite par le recul de la production du Venezuela et de la Libye».