Le jour le plus long n'est pas fini à Hodeïda Hodeïda est devenue le principal front de la guerre au Yémen, asphyxiant une population entière privée de l'acheminement des denrées alimentaires dispensées par les ONG et les organismes humanitaires de l'ONU. Les efforts soutenus de l'envoyé spécial de l'ONU au Yémen, Martin Griffiths, n'auront pas suffi pour faire taire les armes puisque de nouveaux combats ont eu lieu, hier, entre les forces progouvernementales et les Houthis dans la ville stratégique de Hodeïda et ses environs. Un premier bilan fait état de dix morts, en quarante-huit heures d'affrontements, selon des sources médicales, l'artillerie houthie répondant tant bien que mal aux raids aériens menés par la coalition sous l'égide de l'Arabie saoudite. Celle-ci a d'ailleurs été visée par un «projectile» qui a détruit une habitation dans la zone frontalière de Jazane, à l'ouest du pays. On ne déplore aucune victime, a précisé l'agence saoudienne SPA qui a fait état de cet incident pour la première fois depuis septembre dernier. L'émissaire onusien s'évertue à organiser un nouveau round de négociations entre les deux camps ennemis qui devraient en principe se retrouver en Suède, après l'échec de la tentative précédente en octobre dernier. Il s'agit, selon le programme de l'ONU, de mettre fin à un conflit qui ravage le Yémen au point de précipiter le peuple yéménite de ce pays extrêmement pauvre dans la catastrophe humanitaire la plus grave de ces dix dernières années. Outre l'ONU, plusieurs pays occidentaux qui soutiennent l'Arabie saoudite, notamment à travers les ventes d'armes, ont exercé des «pressions», ces dernières semaines, pour permettre la reprise des négociations et la recherche d'une solution politique à un conflit dans lequel la coalition saoudienne s'est durablement enlisée. Mais le vent n'est guère à l'optimisme, car le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a indiqué jeudi dernier qu'aucune date butoir n'est pour l'instant fixée et que M. Griffiths «espère» seulement parvenir à des pourparlers avant la fin de l'année. Peu de temps auparavant, les Etats-Unis avaient, quant à eux, parler d'un rendez-vous proche tandis que des diplomates onusiens ont même avancé la date du 3 décembre! On le voit bien, la complexité du conflit et les craintes légitimes des Houthis qui avaient exigé, la fois précédente, des «garanties» quant à leur retour au Yémen, une fois les négociations lancées, grèvent lourdement les bonnes intentions du représentant de l'ONU. M.Griffiths qui a multiplié, ces temps derniers, les déplacements à Sanaa, à Riyadh et à Abu Dhabi, un autre pilier de la coalition, sait qu'il mène une véritable course contre la montre, les combats autour du port stratégique de Hodeïda par lequel transitent les importations alimentaires et autres du pays pouvant dégénérer d'un jour à l'autre, alors que plus d'un million de civils sont déjà aux bords de la famine, faute de nourriture. L'impatience des forces coalisées qui veulent prendre le contrôle de Hodeïda au plus vite rend ainsi la perspective d'une tragédie humanitaire effroyable de plus en plus menaçante, malgré la trêve fragile instaurée le 13 novembre dernier, suite aux cris d'alarme de l'ONU et de nombreuses ONG. Hodeïda qui est sous le contrôle houthi est devenue, depuis quelques mois, le principal front de la guerre au Yémen, asphyxiant une population entière privée de l'acheminement des denrées alimentaires dispensée par les ONG et les organismes humanitaires de l'ONU. La question posée est de savoir combien de temps cette situation va encore durer et quel coût devra payer le peuple yéménite. Les tirs d'obus et d'artillerie ont repris vendredi dernier et des combats ont lieu par intermittence dans certains quartiers du port. C'est ainsi que le processus de paix se découvre, une fois de plus, mis à mal avant même d'avoir commencé.