Il y a trente ans , des «marcheurs» marocains envahissaient le territoire sahraoui. Le conflit sahraoui entre demain dans son trentième anniversaire sans qu'une solution ne lui soit trouvé. Le 6 novembre 1975, le roi Hassan II ordonne à 350.000 «marcheurs» marocains de franchir les frontières du Sahara occidental, territoire alors sous administration espagnole. Depuis, la situation a peu évolué dans la mesure où la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité par, singulièrement, l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui demeure en suspens du fait de l'intransigeance de Rabat, qui reste opposée à tout scrutin référendaire qui ne soit pas «confirmatif» selon la célèbre expression du défunt roi Hassan II. Ce référendum qui devait se tenir en 1992 a été depuis ajourné indéfiniment pour raison de divergence, notamment sur la composition du corps électoral sahraoui, Rabat exigeant que soit inclus dans le recensement la population ‘'sahraouie'' du Sud du Maroc. Ainsi, Rabat, non satisfaite du recensement de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) dépose 120.000 recours auprès du Conseil de sécurité de l'ONU bloquant de fait toute avancée dans l'affaire du Sahara occidental. Le dossier sahraoui a commencé au début des années 1960 après l'apparition de mouvements de libération sahraouis qui réclamaient l'indépendance du territoire administré et colonisé par l'Espagne. L'affaire est alors prise en charge par l'ONU qui demande un avis à la Cour internationale de justice de La Haye (CIJ). Cette dernière rend son verdict le 16 octobre 1975 en indiquant notamment que la CIJ reconnait l'existence de liens pendant la colonisation entre le Sahara occidental, le Maroc et la Mauritanie, mais les jugeant insuffisants, se prononce pour l'autodétermination de la population du territoire revendiqué par plusieurs parties. En réaction à la décision de la CIJ et mettant à profit la vacance de pouvoir à Madrid - au moment où Franco vivait ses derniers instants - le roi Hassan II passant outre l'avis de la Cour internationale de Justice, ordonne le 6 novembre 1975 à 350.000 Marocains de «marcher» sur le Sahara occidental et d'en franchir la frontière. Ce que l'on appelle depuis, la «Marche verte» a été en fait un véritable kidnapping de territoire et un fait accompli de la part du Maroc qui foule ainsi au pied le droit international. Le 14 novembre 1975, suivant un accord signé à Madrid, l'Espagne administrateur officiel du territoire sahraoui - ce qu'il est toujours aux yeux de l'ONU et des lois internationales - se désiste au profit de nouveaux administrateurs, le Maroc et la Mauritanie, qui se partagent le Sahara occidental. Si depuis, la Mauritanie s'est retirée de la partie sahraouie qui lui a été cédée, le Maroc, outre de continuer à coloniser le territoire, s'oppose à toute solution qui ne lui soit pas favorable, voulant imposer à la communauté internationale ses propres vues sur la question, alors que le dossier sahraoui n'est, ni plus ni moins, qu'un problème de décolonisation auquel s'appliquent les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 1415 de septembre 1960 sur les territoires coloniaux et le droit des peuples à l'autodétermination. Madrid, dont la politique sur cette question a été ambiguë tout au long de ces années, affirme officiellement, qu'elle soutient le «droit à l'autodétermination du peuple sahraoui» au Sahara occidental, tout en restant en retrait sur ce dossier qui la concerne, au premier chef, l'Espagne étant, et restant de fait, au regard du droit international, l'administrateur de son ancienne colonie, tant qu'un référendum d'autodétermination ne s'y soit pas tenu. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos a beau jeu de réaffirmer que son pays «soutient et soutiendra toujours» ce droit à l'autodétermination «dans le cadre des résolutions de l'ONU», et que «ceux qui affirment le contraire sont mal informés», il n'en reste pas moins que Madrid, n'a pas honoré toutes ses obligations envers un territoire et un peuple longtemps opprimé qu'elle tint sous le joug de sa colonisation. Récemment, un porte-parole du ministère espagnol des Affaires étrangères réitérait: «Notre position (de l'Espagne) n'a pas changé. Il faut respecter les résolutions de l'ONU». Ce qui contraste grandement avec la prudence dont fait montre l'Espagne sur ce dossier. De fait, en Espagne, dans les milieux politiques et diplomatiques qui, à l'époque, avaient dénoncé le fait que les accords entre Madrid et Rabat avaient «permis de livrer le peuple sahraoui à ses ennemis», on estime que l'annexion du territoire sahraoui par le Maroc est un échec du processus de décolonisation de ce territoire. Aussi, le Sahara occidental reste une affaire de décolonisation auquel le droit à l'autodétermination n'a pas été appliqué ou n'a pu être appliqué du fait de l'obstruction du Maroc. Pour l'Algérie, voisine du Maroc et du Sahara occidental, ce dossier reste un problème de décolonisation et relève des compétences des Nations unies. De fait, le président Bouteflika rappelait en octobre 2004, lors d'un discours devant l'Assemblée nationale, que l'affaire du Sahara occidental «est entre les mains des Nations unies, c'est une simple question de décolonisation documentée dans toutes les résolutions des Nations unies». L'Algérie qui a soutenu, et soutient, le droit à l'autodétermination de tous les peuples opprimés par la colonisation a réitéré, de Boumediene à Bouteflika, pour ce qui est de ce problème, qu'Alger n'est pas partie prenante de ce dossier qui est, et reste, une question de décolonisation relevant des instances de l'ONU. Le fait à relever est que le Sahara occidental figure toujours dans les dossiers du comité de décolonisation de l'ONU en tant qu'Etat non autonome éligible aux résolutions des Nations unies sur les questions de décolonisation et de l'autodétermination des peuples colonisés.