Le discours «guerrier» prononcé par Mohammed VI, à l'occasion du 34e anniversaire de la Marche verte, a été vigoureusement dénoncé jeudi à Paris par l'Association des amis de la République sahraouie. «Le discours menaçant de Mohammed VI à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de la Marche verte, n'invite pas à l'optimisme. La Royauté reprend ses habituelles pratiques, mensonges et menaces», a souligné le communiqué de l'AaRasd (Association des amis de la Rasd) publié jeudi à partir de la capitale française. Dans un entretien accordé à la Radio nationale et diffusé mercredi sur son site, l'ambassadeur de la République sahraouie à Alger n'a pas écarté les conséquences désastreuses que pourrait avoir le nouveau plan concocté pour les territoires occupés, annoncé par le souverain marocain, et que ce dernier compte administrer de manière répressive. «Un plan structuré contre le peuple sahraoui sans défense dans les territoires sahraouis», a estimé le représentant de la Rasd à Alger. «La poursuite des violations des droits de l'homme par le Maroc et sa politique de l'arbitraire contre les citoyens sahraouis entraveraient le processus de négociations si les Nations unies n'assumaient pas leurs responsabilités en matière de protection des citoyens sahraouis dans les territoires occupés», a poursuivi Brahim Ghali. Le discours, entièrement consacré au conflit du Sahara occidental, de l'héritier du trône marocain tenu à Ouarzazate le 6 novembre 2009 a, en effet, été d'une extrême agressivité. «Le citoyen, ou il est Marocain ou il ne l'est pas...ou il est nationaliste ou il est traître», a décrété Mohammed VI, ne laissant aucune latitude au peuple sahraoui de s'exprimer librement dans le cadre d'un référendum, comme le stipulent les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'Organisation des Nations unies le président de la République sahraouie considère comme sacré le droit du peuple sahraoui à se prononcer librement quant à son destin. «Les Sahraouis ne sont pas Marocains et ne le seront jamais tant qu'ils ne l'auront pas décidé par l'exercice de leur droit inaliénable à l'autodétermination via un référendum libre, juste et régulier», a écrit Mohamed Abdelaziz à Ban Ki, moon. Les instances internationales demeurent sourdes aux appels de détresse répétés des responsables sahraouis. Les militants des droits de l'homme subissent une répression féroce quand ils ne sont pas jetés dans les geôles du Royaume, sans aucune autre forme de procès pour y croupir pendant des années. Et si l'on en juge par la teneur du «discours de Ouarzazate», le phénomène ne peut que s'intensifier. Le souverain compte désormais régner par l'intimidation et l'amplification de la terreur dans les territoires occupés. Quelle place pour des négociations de paix dans de telles conditions? Brahim Ghali veut encore y croire. Les responsables sahraouis sont «pour la poursuite du dialogue et des négociations», a-t-il affirmé. Le Maroc de son côté, ne veut surtout pas entendre parler de processus de décolonisation, fut-il mené sous l'égide des Nations unies. Il ne jure que par son plan de large autonomie. L'option d'indépendance du Sahara occidental est non négociable dans l'esprit de la lettre et du message adressés par le jeune souverain marocain à ses sujets dans le cadre de la marche verte. Il marche sur les traces de son défunt père. Il les suit pas à pas. Au millimètre. «Demain, tu franchiras la frontière, tu entameras ta Marche. Demain tu fouleras une terre qui est tienne. Tu palperas des sables qui sont tiens. Demain, tu embrasseras un sol qui fait partie intégrante de ton cher pays», s'est adressé à son peuple dans une envolée lyrique feu Hassan II en 1975. Les intentions belliqueuses n'étaient cependant même pas voilées. «S'il advient, cher peuple, que des agresseurs autres qu'Espagnols, attentent à ta marche, sache que ta valeureuse armée est prête à te protéger», a ajouté le monarque défunt. L'essence du discours n'a point évolué d'un iota. Que nous dit son héritier, 34 ans plus tard? «Le Sahara est une cause cruciale pour le peuple marocain, uni autour de son Trône qui est le dépositaire et le garant de sa souveraineté, de son unité nationale et de son intégrité territoriale.» Autant dire que les espoirs de paix sont bel et bien torpillés pour ne pas dire envolés!